Jul @ Cape Town - La vie après la fac2024-02-14T18:30:22+01:00Julien Carnoturn:md5:0b464d5958641037d9455cb07450cc67DotclearInauguration et jour des parents à Khayelitshaurn:md5:ff612cd89fb66ed554ca55b9cc9387822005-03-20T09:53:00+00:002009-03-11T21:33:59+00:00JulLa vie après la fac<p>Fier de la nouvelle salle de 30 pc et soucieux d'expliquer aux parents des participants pourquoi il est important qu'ils viennent, le staff de SHAWCO IT a préparé une matinée étrangement cérémonielle mais sympa a bien d'autres égards.</p> <h5>Préparatifs et rencontre</h5>
<p>Arrivée vers 9h30 ce samedi matin pour donner un coup de main, je retrouve un bon groupe de participants qui sont déjà là et qui mettent la main à la pâte! Après avoir mis les chaises et fixé la bâche au dessus de la cour, il n'y a plus grand-chose à faire. Je vais donc faire un tour dans le centre, je jette un œil à la bibliothèque plutôt bien fournie, même s'il reste encore de la place et si beaucoup de livres commencent à dater. Après la bibliothèque, les jeux: un petit gars escalade tout ce qu'il peut et descend à toute vitesse sur la barre des pompiers. Je m'approche un peu, grand sourire et il me salue de la main. Il descend et cours vers moi, me saute dans les bras!</p>
<p>Il doit avoir 4 ans, mais il ne me répond pas en anglais... Et vu qu'en Xhosa je suis pas très compétent, la communication est difficile! Je ne saurai même pas son prénom. Je sors mon appareil photo, il saute dessus, veut toucher, essayer... Je lui montre l'aire de jeu à travers le petit écran, il est emballé et le fait savoir. Son petit frangin sort de la maison, visiblement à peine réveillé. Je prends quelques photos du grand, puis quelques unes de la fratrie, puis je leur montre. Les yeux s'écarquillent, les rires fusent. Le grand veut prendre son frère en photo, mais avec des si petites mains et sans comprendre le palier autofocus du déclencheur, ça ne va pas très loin. Je remets l'appareil dans ma poche, le grand veut monter sur mes épaules... Son frangin nous regarde avec la main sur le front, comme si on était en haut d'une montagne... Lui aussi veut monter! Chacun son tour...</p>
<p>Puis le grand me montre l'appareil dans ma poche, je le ressors pour quelques photos. Et d'un coup, une quinzaine de gosses plus âgés arrivent en courant. Tout le monde veut sa photo, et certains insistent pour en prendre. Les doigts sur l'objectif, les mains qui tremblent, l'un qui essaie de prendre l'appareil à l'autre pendant qu'il prend une photo... Un joyeux bordel! Finalement, après avoir pris quelques photos et leur avoir montré le résultat, je vais voir si on a pas besoin de moi pour les préparatifs. Mon pote de 4 ans me suit, me sautant dans les bras dès que je ne suis pas trop loin d'une table qu'il peut escalader. Pas grand-chose à faire, on attend le chef du projet et le vice président qui ont une panne de voiture.</p>
<h5>Cérémonialiser à l'extrême pour mieux cafouiller.</h5>
<p>Quand les premiers "invités" arrivent, on nous distribue un A4 avec le programme de la journée, bien rempli. Je tique un peu à la lecture des premières et dernières étapes: prière. J'avais oublié que l'on était en des terres si religieuses! Après une introduction hésitante de notre responsable des évènements, puis une quinzaine de minutes pendant lesquelles il revient souvent nous demander d'attendre, je me rassure, pas de pasteur en vue, c'est un des pères qui finit par se dévouer pour dire une prière traduite en Xhosa. Après ça, Eddie, le chef de projet fait un speech un peu bordélique, qui devait reposer sur un PowerPoint qui est sur sa clé usb, qui est restée dans la voiture en panne... De toutes façons, l'écran du vidéo projecteur étant en plein soleil, on aurait rien vu!</p>
<p>Lui succède ensuite le vice-président étudiant de SHAWCO, plus pro, mais tout le monde commence à se répéter. Ayant pressenti que les discours allaient être longs et pas passionnant, notre master of ceremony avait quand même prévu des interludes: le premier sera une poésie d'un participant, qui est prêt pour devenir le conseiller de Thabo Mbeki en discours africaniste. Un pur produit de la Renaissance africaine prôné par le président, voilà qui doit faire plaisir au conseiller municipal ANC qui enchaîne avec son discours. Laissant entrevoir son tee-shirt vert jaune et noir avec la tête de Mbeki peinte façon imagerie soviétique africanisée, il explique combien l'e-mail est fabuleux, puisqu'on peut écrire à Johannesburg ou même à Port Elisabeth (si si!) sans avoir à attendre "des mois" pour que la lettre arrive. La poste sud africaine n'est sûrement pas des plus performantes, mais les délais qui se comptent en mois sont quand même réservé à l'international!</p>
<p>Le grand directeur de SHAWCO, que je n'avais jamais vu, est plus au point. Il insiste sur l'apprentissage réciproque entre le volontaire et le participant, espère que les participants feront tout à leur tour pour partager ce qu'ils apprendront ici et leur dit que sa porte leur restera ouverte, qu'il devrait être là pendant encore un bon nombre d'année. Suit une performance de Gum Boots par 5 participants, dont certains à qui il manque les bottes mais bon, c'est sympa. Pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler, il s'agit d'une danse créée par les mineurs pour se donner du courage, des claquettes améliorées, puisque les bottes permettent de rajouter des sons en tapant dessus. Les parisiens et les brestois auront peut être vu cet hiver les affiches pour le spectacle Gum Boots, en tournée dans la ville lumière et dans la métropole océane.</p>
<p>Après le mot de remerciement des participants, la directrice du centre prend la parole et s'excuse de parler en Xhosa, mais elle veut que le message passe auprès des parents. Elle insiste sur les exigences d'être autonome avec un ordinateur de tous les employeurs ou presque, sur le besoin pour les familles de permettre aux enfants de venir, le long terme compensant largement la perte de main d'œuvre dans les tâches ménagères ou la garde de la fratrie. Puis elle coupe le ruban de la nouvelle salle, investie par les parents et quelques participants qui vont direct à leur poste et recommencent où l'on s'est arrêté mercredi dernier!</p>
<h5>Début d'après-midi photo</h5>
<p>Après la prière de clôture, le buffet est ouvert, hot dogs pour les enfants, plateaux de samoosas, de tourtes au bœuf, de poulet, d'épis de mais et de pommes de terres sautées, sympa. Après avoir mangé, mon pote, qui n'a pas manqué de me sauter dessus 3 ou 4 fois pendant les discours, revient à la charge... Il veut voir l'appareil photo. Les autres enfants arrivent en trente secondes et m'entourent, ils sont une vingtaine à m'implorer de les prendre en photos, sauf qu'ils passent leur temps à essayer de passer devant les autres pour être sur le cliché... Les poses sont en général souriantes, mais le chahut et certains qui posent avec les poings fermés, genre catcheur de bas étage, me mettent un peu mal à l'aise.</p>
<p>Plusieurs groupes de participantes, plus timides et plus disciplinées, me demandent quand même avec insistance d'être prises en photo. Je ne peux m'empêcher d'essayer de transposer la situation en France... Des ados qui demandent à un inconnu de se faire tirer le portrait, ça ne serait même pas imaginable! Les ptits mecs n'arrêtent pas, je calme un peu le jeu, en ignore certains qui ont déjà quelques portraits mais qui en veulent toujours plus et qui passent devant les autres, puis saturant un peu et pensant avoir pris tout le monde, après leur avoir montré les photos, je dis stop... Là ça devient surréaliste, ils en veulent toujours plus, certains me montrent même les quelques Rands qu'ils ont en poche! Quelque chose ne tourne pas rond!</p>
<p>Sauvé par le gong, les bus arrivent dans la cour et les volontaires commencent à se rentrer... Tous les gosses sont autour, certains continuent à me demander des photos à travers la vitre! Le ptit gars de 4 ans me dit bye bye, on démarre, avant de rester coincé par un troupeau de vaches qui font une mini-transhumance dans le township. Puis c'est parti, je ne reverrai pas Khayelitsha avant deux semaines, cette semaine, c'est déjà les vacances de Pâques. Au programme, promenades autour de Cape Town, je me réserve les dernières semaines pour voyager plus loin entre deux partiels.</p>
<p><a href="http://www.flickr.com/photos/julien-carnot/sets/72157614778053297/">Voir les photos</a></p>Premier jour à Khayelitshaurn:md5:3779b37339d8b336c35e5789adde62402005-03-10T08:09:00+00:002009-03-11T21:35:25+00:00JulLa vie après la fac<p>Mercredi après midi, première séance de tutorat pour le <em>Shawco IT project</em> <a href="https://julien-carnot.net/cape-town/post/2005/02/28/42-small-steps-big-differences" hreflang="fr">dont je vous parlais la semaine dernière</a>... Comme prévu, j'ai beaucoup appris!</p> <h5>Départ à 6 volontaires au lieu de 16</h5>
<p>L'apparent professionnalisme de Shawco a ses limites, sur les 16 volontaires censés encadrer cette première session, on était 6, certains ont dû se perdre. Remarquez, ça tombe bien, il y a eu cafouillage dans le choix de la taille du minibus, on aurait pas pu être beaucoup plus nombreux! Sur la route, on fait connaissance avec les autres, en émargeant et en lisant les recommandations des responsables du projet, puis en leur posant les ultimes questions. Parmi les volontaires, personne n'a déjà été à Khayelitsha. Ambiance baptême du feu, petite tension en sortant de l'autoroute, comme si on devait sauter du minibus en parachute pour rejoindre le centre. Paraît que ça fait ça à tout le monde. Et pourtant.</p>
<h5>Premiers regards sur le township</h5>
<p>Impressions contrastées, ce n'est pas le bidonville boueux genre <em>La cité de la joie</em> (faut dire qu'on est en été), les gens sur les trottoirs n'ont pas l'air d'être les plus malheureux du monde, les enfants jouent et crient partout, et pourtant... Les <em>match-box houses</em> sont aussi petites et délabrées que partout dans les <em>Cape Flats</em>, la région sablonneuse à l'est de la ville laissée aux Noirs par l'apartheid. Sur le trottoir, des voitures sur le toit rouillent.</p>
<p>La route principale, en meilleur état et plus large que bien des départementales françaises, est bordée par des petits magasins, des barbiers, des coiffeurs, ou des vendeurs de fruits... Ce que l'on avait évoqué en cours de politique le semestre dernier à propos des infrastructures routières conçues pour encercler, contenir et pouvoir intervenir rapidement dans les townships en cas d'émeutes prend tout son sens. De temps en temps, un poteau surplombe une quinzaine de "maisons" et autant de fils les relient au courant. Sur le trottoir, quelques robinets servent à tous les habitants. Les toilettes sont bien à l'écart, au moins 30 mètres de l'habitation la plus proche.</p>
<p>Quelques dizaine de secondes plus tard, après avoir dépassé une école où 200 ou 300 enfants en uniformes jouent dans une cour pas plus grande qu'un terrain de tennis, on entre dans l'enceinte du centre. Quelques gosses traînent dans la cour et se mettent à crier et à sauter dans tous les sens en nous voyant arriver. Une bonne partie des participants, qui doivent avoir entre 14 et 17 ou 18 ans sont aussi dans la cour, mais sont comme nous timides, c'est la première fois qu'ils viennent. Notre responsable nous fait la visite des lieux, la salle et le matériel sont impressionnants, bien plus classe que certains laboratoires d'informatique d'UCT. On doit jeter un œil à notre manuel, un gros pavé dont l'approche pédagogique ne me plaît pas vraiment, mais bon, au moins, ça donne une idée de ce qu'on doit couvrir aujourd'hui.</p>
<p>Pendant ce temps, les participants ont le droit à un ou deux biscuits: la plupart d'entre eux n'ont rien mangé ce midi et ne retourneront pas chez eux avant 17h. Puis tout le monde rentre. Après l'appel, qui permet déjà à certains de se faire remarquer et de faire rire les autres, puis quelques consignes, les volontaires se présentent... Le responsable en fait des caisses pour limiter l'absentéisme, puis rappelle à ceux qui n'ont pas leur uniforme qu'on leur demande de l'avoir. Puis leur demande pourquoi ils sont là et comment ils doivent se comporter: celui qui a fait rire tout le monde se lève et répond. Il veut apprendre à se servir de l'ordinateur qu'il a devant lui "pour avoir un avenir", et il doit profiter à fond de nos savoirs et nous respecter. Je me demande combien ça a coûté au responsable, une réponse aussi nette et complète! ;-) Impressionnants ces ados qui n'ont pas le droit de rester insouciants, qui prennent sur eux pour venir deux fois par semaine avec l'espoir de s'en sortir, de vivre une meilleure vie que celle de leurs parents, mais qui savent que sans leur investissement total, la meilleure vie ne viendra pas.</p>
<h5>Derrière les écrans...</h5>
<p>Vu que les participants sont bien 30, comme prévu, le plan du deux apprenants-un tuteur tombe à l'eau. Ce sera 5 par tuteur. Parmi les miens, 2 sont assez à l'aise, deux n'ont jamais touché un ordinateur de leur vie, le dernier ne doit pas avoir passé plus d'une heure ou deux derrière un moniteur. Notre <em>lesson 1 chapter 1</em>, c'est les périphériques de saisie... Souris et clavier, le temps que je l'explique au deux débutants, les deux plus avancés ont déjà ouvert <em>wordpad</em> et recopient des phrases du manuel puis se lance dans la rédaction d'un mini cv. J'aurais voulu avoir une clé usb ou une connexion pour pouvoir les reproduire ici... En gros ça donne: "je m'appelle ..., je suis à l'école ..., j'étudie l'histoire et le commerce, et j'adorerais étudier la même chose à UCT l'année prochaine". De la suite dans les idées, je vous le dis!</p>
<p>Maîtrisant à peu près la souris en quelques minutes et ayant compris le truc du clavier, même avec un ou deux doigts, je leur montre qu'ils peuvent sauvegarder leur mini cv... Il ferment <em>wordpad</em> avant de le rouvrir et de retrouver le fichier. Les visages s'illuminent quand ils s'aperçoivent que le texte qu'ils ont tapé réapparaît. Il est temps de passer à notre <em>chapter 1, lesson 2</em>, qui n'est autre que la manipulation du menu démarrer et des fenêtres, avec l'ouverture de <em>wordpad</em>. Bref, ce que l'on vient de faire... J'approfondis un peu sur les icônes, la barre de tâches, les dimensionnements et déplacements de fenêtres, l'occasion de voir que le <em>drag'n'drop</em> est loin d'être inné. Mais bon, malgré quelques ratages, ils ne s'en tirent pas trop mal, pour l'un des débutants, la souris n'est pas encore très précise mais ça viendra. Les deux gaillards du bout de ma rangée en sont à changer le fond d'écran, l'écran de veille, à changer la couleur du <em>media player</em>... Je lance les autres sur le solitaire pour finaliser le <em>drag'n'drop</em> et voir que plusieurs programmes peuvent tourner en même temps, même si je ne connais pas plus le but du jeu qu'eux!</p>
<p>Théoriquement, je devais m'en tenir là, mais il reste 20 minutes, autant en profiter pour aborder l'obtention de l'aide, le chapitre suivant. Et là, deux obstacles me sautent à la gueule. La notion de recherche dans une base de donnée d'abord, pas simple à expliquer à quelqu'un qui ne savait pas ce qu'était un logiciel une heure plus tôt. Puis le concept d'hypertexte, puisque chaque élément de la liste des solutions est cliquable... Qu'un bouton puisse se cacher sous un texte, mais que certains textes juste à côté ne soient pas des boutons... Le sous-lignage au passage de la souris n'aide pas vraiment! Enfin globalement, ils ont réussi à faire une recherche et à sélectionner une solution, et ils ont surtout compris que la touche F1 est leur meilleure amie et qu'un problème avait le plus souvent sa solution dans l'aide, ce qui n'est pas si mal!</p>
<h5>Heureux...</h5>
<p>On arrive au bout, une heure et demie à parler et à me promener entre les ordinateurs, je suis claqué! Mais tellement content de les voir s'être amusé, avoir découvert de nouvelles possibilités... À 5 par tuteurs, c'est clairement trop pour les aider efficacement, mais on ne s'en est pas mal tiré... Le retour dans le minibus a été riche en échanges de tuyaux, certains ayant choisi d'utiliser <em>paint</em> pour les aider à manipuler la souris avec un bouton enfoncé, puis en ajoutant du texte dans le dessin: pas bête! Il paraît qu'ils sont tous dessiné la silhouette de Table Mountain, eux qui n'ont peut être jamais vu la montagne à partir de la ville, comme elle est représentée sur tous les logos... Tout le monde était ravi, on a eu des difficultés à transmettre ce qui relève pour nous de l'automatisme, mais on a qu'une hâte, c'est d'y retourner!</p>Small steps, big differencesurn:md5:fa8c6efa4044cf80a029eb19325124e12005-02-28T08:09:06+00:002005-05-05T11:30:43+00:00JulLa vie après la fac<p>C'est le slogan du <acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym>, l'ONG phare d'UCT depuis 1943, qui mène plusieurs projets dans les townships voisins. Ce semestre, j'ai fait ce que j'aurai dû faire le semestre dernier, je me suis inscrit comme volontaire.</p> <h5>A l'origine...</h5>
<p>À l'origine, le <a href="http://www.shawco.org" hreflang="en"><acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym></a>, c'est un étudiant en médecine qui bosse comme ambulancier pendant les vacances pour payer ses études et qui décide de ne plus supporter ce qui fait son quotidien dans les bidonvilles. Avec une professeur, il monte une clinique. Depuis 63 ans, les générations d'étudiants d'UCT se relaient pour améliorer le quotidien dans les townships, pour partager leur chance d'être du bon côté de la barrière dans ce pays.</p>
<p>Aujourd'hui, ce sont en tout plus de 700 étudiants, 4 centres dans les townships, quelques travailleurs sociaux permanents, plusieurs bus pour acheminer les volontaires dans les townships, un budget qui se compte en millions de rands, pour 8 projets allant des jeux pour les plus jeunes, l'éveil écologique, l'alphabétisation ou encore, la prise de contact avec les outils informatiques. Avec à chaque fois l'ambition de donner à ceux qui n'ont rien ou pas grand-chose des perspectives, des outils pour sortir de leur situation.</p>
<h5>Inscription et formation</h5>
<p>Pour être volontaire, il ne suffit pas d'être...volontaire! Contrairement à ce que je pensais, il n'y a qu'un nombre limité de postes à pourvoir, et bonne nouvelle, cette année il y a eu plus de 800 candidatures pour 550 postes de volontaires. Après l'inscription, il a donc fallu passer un entretien, histoire d'éviter les erreurs de casting. Ceux qui ont été retenus ont ensuite été convoqués samedi pour une demi-journée d'introduction et de formation.</p>
<p>L'ambiance est à la fois détendue et sérieuse, <acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym> nous fait signer un vrai contrat, pas d'engagement à la légère... Parmi les étudiants responsables, je reconnais ma partenaire d'exposé de politique du semestre dernier, chargée des ressources humaines de l'organisation. Ils ont tous une motivation énorme, on sent une énergie et une sincérité à la hauteur du sérieux dans la gestion, cette organisation étudiante est vraiment pro!</p>
<p>Après l'introduction, on se sépare selon nos projets, pour en savoir un peu plus sur nos missions. Pour <acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym> <acronym title="Information Technology">IT</acronym>, le projet pour lequel je me suis porté volontaire, l'objectif est de donner aux jeunes de Khayelitsha, un bidonville à l'est de Cape Town, l'opportunité de se former à l'informatique et de leur permettre de découvrir par là de nouveaux horizons...</p>
<h5>Un environnement d'intervention rude</h5>
<p>Vient ensuite le briefing sur l'environnement dans lequel on va travailler. Khayelitsha, qui veut dire "nouvelle maison", est l'un des derniers bidonvilles à avoir été créé par l'apartheid dans la région, il a été aménagé en 1985. A la base, il était fait de petites maisons en dur, deux pièces de quelques mètres carrés, sans sanitaires, dans lesquelles des familles nombreuses devaient s'entasser.</p>
<p>Rapidement, les espaces entre les maisonnettes ont été comblés par des "matchbox houses", littéralement des "maison-boîtes d'allumettes", pour accueillir la famille étendue ne trouvant aucune perspective à la campagne. Pour ce qui est de la démographie, personne ne peut donner de chiffres précis, mais en 1996, on comptait plus de 400 000 habitants. Non, je ne me trompe pas d'un zéro ou deux. Et depuis, quelques dizaines de milliers de personnes ont dû les rejoindre.</p>
<p>Connu pour être une zone chaude de la région, Khayelitsha n'a pas vraiment bonne presse. Et c'est vrai que ce nom revient régulièrement dans les faits divers, les meurtres, les viols, les disparitions d'enfants. Pas question pour un volontaire d'y venir en voiture, à moins de vouloir repartir à pied. Mais les étudiants du <acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym> sont toujours bien accueillis et le fait d'y aller en bus et en groupe est rassurant.</p>
<p>Toujours pas de sanitaires dans la majorité des cas, la tuberculose prolifère, et le sida fait des ravages, plus qu'ailleurs: selon les estimations, 39% de la population est <acronym>HIV</acronym> positif. Dans les écoles, les élèves sont entre 50 et 60 par classe; les instits ne peuvent même pas connaître les enfants, qui auraient pourtant bien besoin de suivi, devant faire face à la pauvreté tous les jours, beaucoup devant arrêter l'école pour s'occuper de leurs frères et sœurs si les parents sont décédés ou alcooliques.</p>
<h5><acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym> <acronym title="Information Technology">IT</acronym>, mon projet...</h5>
<p>Du coup, notre public, composé de jeunes en âge de passer le <em>matric</em>, diplôme du secondaire, aura entre 12 et 25 ans, certains reprenant l'école très tardivement, dès qu'ils ont le temps et les moyens de payer l'inscription. Beaucoup d'entre eux n'auront jamais vu un PC de leur vie, mais d'après les responsables du projet, nos participants, venant de leur propre initiative, sont la véritable élite du township, même si certains n'en sont jamais sortis. Il faut s'attendre à voir des progressions hallucinantes en quelques heures.</p>
<p>Le centre <acronym title="Students Health and Welfare Centres Organisation">SHAWCO</acronym> de Khayelitsha dispose de 30 ordinateurs, une session de deux heures étant prévue chaque après-midi et le samedi matin, avec à chaque fois 30 participants accompagnés par 15 volontaires, des bonnes conditions de travail. Nous avons à notre disposition un programme à suivre, pour leur faire maîtriser windows, word, excel et powerpoint. L'occasion pour moi d'apprendre à me servir d'un tableur, ce que je n'ai jamais fait! La connexion internet devrait arriver avant la fin du semestre.</p>
<p>À la fin de cette demi-journée, on partage la motivation des responsables: un encadrement pro, un projet que je trouve intelligent et qui fera peut être la différence pour les participants, j'ai hâte de commencer. Et je suis persuadé, comme le disent tous ceux qui en ont déjà fait l'expérience, que j'apprendrai deux fois plus que ce que je pourrai leur apprendre!</p>
<p>Première session dans la semaine du 7 mars, comptez sur moi pour vous raconter!</p>Opening Cruise Partyurn:md5:f2f2c35bcb55b17b235ff550bf7a59ec2005-02-26T13:47:00+00:002009-03-11T21:38:01+00:00JulLa vie après la fac<p>Première navigation de l'année, et pour fêter ça, une petite soirée! Au menu, planche à voile et dériveur sur un grand étang...</p> <h5>Direction Zeekoevlei</h5>
<p>Pour les membres du yacht club, les vendredis après-midi sont réservés à la navigation. Le club est basé sur une grande réserve d'eau douce à une quinzaine de kilomètres au sud de la fac. Je fais le trajet avec les autres nouveaux inscrits, dans la voiture de l'un des piliers du club. En arrivant, je découvre que ce grand lac est aussi une réserve ornithologique et que le paysage est vraiment sympa, il y a des roseaux partout sur les rivages. Et en plus, il y a du vent, 20 noeuds un peu irréguliers, 5 ou 6 kitesurfers sont déjà dans l'eau, d'autres préparent catamarans, planches et dériveurs.</p>
<p>Rassuré de voir que tout le monde n'a pas de combinaison sur l'eau (je suis équipé d'un short), je donne un coup de main pour gréer un ou deux dériveurs, le temps de décider sur quoi j'allais tirer mes premiers bords dans l'hémisphère sud, et aussi de faire un peu connaissance avec les autres.</p>
<h5>A l'eau!</h5>
<p>Finalement, je me décide pour un petit tour en Laser (l'original), moi qui n'en ai jamais fait et dont l'expérience en dériveur se résume à quelques sorties en Laser 13 club et un essai ou deux de Laser 2000 si mes souvenirs sont bons, jamais en solo. Premier bord, tout va bien, ça avance ces petites bêtes! Premier virement, premier dessalage, l'écoute s'est coincée! L'eau est... chaude! On ne doit pas être loin des 25°...</p>
<p>Mais elle est aussi verte, et quand je dis verte, ce n'est pas turquoise... Ça serait plutôt kaki! Enfin bon, l'étang n'est pas très profond, 2 mètres et quelques au milieu et pas de vase. Et d'après les plus anciens, personne n'en est ressorti malade! Par contre, ce n'est que dans la soirée que j'ai appris que lors de la vidange annuelle, il y a quelques années, on y avait trouvé 16 cadavres... Après quelques allers-retours, je me rends compte que je manque un peu d'entraînement, les cuisses et les abdos sont bien sollicités au rappel!</p>
<p>Pause, le temps de discuter un peu... Et de voir qu'une planche est dispo: F2 axxis 255 et voile Gaastra MW 5 en 4,9m² pour les connaisseurs, le matos a bien 10 ans mais bon, passé la phase de réglage et de réadaptation, je me régale... Il n'y a pas à dire, quel plaisir de ne pas avoir de néoprène sur soi! Après quelques bords, c'est le moment de la troisième activité de la journée, la natation: un laser a perdu son gréement, et le temps de le remettre en route, la planche a bien dérivé... Encore quelques bords en planche, puis je rentre au club pour laisser le matériel au suivant. Et là, les regards, un peu supérieurs au début (on est quand même dans un yacht club, un petit nouveau doit faire ses preuves), ont changé... On me demande où j'ai appris à faire de la planche, et si j'en fais aussi en mer, ce qui est ici considéré comme l'indicateur d'un bon niveau...</p>
<p>Un dernier tour en Laser, histoire d'être sûr d'être lessivé à la fin de l'après-midi. Le soleil descend, l'air fraîchit, et pour la première fois, ce sont les litres d'eau que l'étrave m'envoie au visage qui me réchauffent, et pas l'air! La lumière est sympa, le décor sous le vent (Table Moutain et Devil's Peak) est superbe, et je me rends compte qu'au vent, vers le sud, je vois le cap, le vrai...</p>
<p>Une bonne douche chaude plus tard, on me propose un petit tour en bateau à moteur sur le lac... Why not? En passant entre les roseaux, on aperçoit des baraques luxueuses avec comme jardin 50 m² de pelouse et l'étang. Chaque maison a son petit ponton et son dériveur... La vie est dure, à quelques kilomètres à peine des bidons-villes!</p>
<h5>Party time!</h5>
<p>Retour sur la terre ferme, il doit y avoir 70 personnes autour du hangar, les bateaux rentrent, la fête commence... Le bar du yacht club est ouvert et bien encombré! A 20 heures, après quelques verres et quelques hot dogs, le rituel doit être célébré: chaque année, quand la saison commence, un vieux bateau déclaré irréparable est détruit puis brûlé... Cette année, c'est un Fireball qui, ironie du sort, partira en fumée. Perso, les destructions de bateaux me font toujours un peu mal au coeur, je suis sûr qu'il aurait pu faire encore quelques saisons, mais bon, le nouveau venu ne peut s'opposer au rituel!</p>
<p>Un peu plus tard, 21h45, un minibus affrété par le yacht club nous ramène vers UCT, et me dépose à deux pas de la maison... Inutile de vous dire que j'ai bien dormi!</p>
<p>Pour les photos, c'est par <a href="http://www.flickr.com/photos/julien-carnot/sets/72157614777693835/">ici</a>!</p>