A partir d'Observatory, la procédure à suivre pour aller au centre ville n'est pas bien compliquée: marcher dans la bonne direction sur la Main Road, et attendre 30 secondes qu'un minibus vous hèle... Ils vont tous vers une gare routière, située sur le toit de la Railway Station, à deux pas du Central Business District, le quartier d'affaires. Reste à s'orienter dans cette gare routière un peu sombre, qui fait aussi office de grand marché et qui grouille de monde... Après quelques détours un peu hésitants, on finit par trouver le moyen de passer au dessus des voies ferrées, ce qui nous mène directement dans la ville.

Cape Town, entre la vie et le désert

Impressions mitigées dans les rues de Cape Town... Tout semble se passer dans les rues plutôt que dans les buildings, ou les centres commerciaux. chaque trottoir a son vendeur de cigarettes, mais aussi de fruits, de téléphones portables ou de câbles d'alimentations pour téléphone, au cas où le vôtre serait malencontreusement tombé du camion... Bref, entre la gare et l'hôtel de ville, il y a de la vie...

Par contre, au bout de la rue, à moins de 200 m plus tard, le vide complet! On ne croise plus qu'un ou deux touristes qui ont l'air aussi paumés que vous, entre des tours portant chacune l'enseigne d'une grosse entreprise... Pas de doutes, on est bien dans le Central Business District, le centre administratif et tertiaire, un samedi, où tout est fermé... Les policiers et policières à cheval semblent s'ennuyer profondément, autant que leurs confrères vigiles ou miliciens.

On comprend très vite les efforts de la ville pour attirer des habitants dans son centre, et les grandes opérations immobilières en cours pour faire du logement encore plus sécurisé, car sans jardin, sans fenêtres accessibles, avec des parkings bien gardés, ce qui limite les risques de se faire descendre de sa voiture en arrivant chez soi et de devoir lui dire adieu prématurément, dans des rues sous vidéosurveillance, avec une entrée de l'immeuble qui ressemble plus à un service de douane qu'à une conciergerie, où il faut montrer plus que patte blanche pour espérer rendre visite à un résident. Toujours est-il que dans ces rues que même les voitures semblent bouder, on se sent seul et relativement en sécurité... Même si l'architecture du quartier n'est pas franchement extravagante, on peut quasiment tout le temps voir la fameuse Table Moutain, qui assure un décor toujours sympa et permet d'éviter de se demander dans quelle grande ville on est.

La traversée de tous les dangers...

Après ces errements dans le quartier fantôme, direction le Waterfront pour voir si cette extrémité de l'Atlantique ressemble à celle que je connais... Le trajet entre le centre et le Waterfront était formellement déconseillé dans tout ce que j'ai pu lire avant de venir, mais après vérifications auprès d'étudiants vivant au Cap, il semble que la zone n'est pas plus dangereuse qu'une autre, qu'il faut juste garder son sang-froid habituel... Voyant sur le plan qu'il y a a peine un kilomètre à parcourir, je vérifie mon chemin auprès d'un policier qui ne me met pas en garde, donc je tente le coup. Et là, je descend la rue bordée par les hôtels de luxe, absolument seul, avant de rejoindre l'entrée du Waterfront par un itinéraire piéton bien signalisé. Visiblement, ou j'ai mal lu, ou je n'ai pas pris l'itinéraire de tous les dangers, mais je reste un peu perplexe sur cette mise en garde!

Le Waterfront, un énorme complexe touristique

Lion's Head, la montagne qui coupe Cape Town en deux, et Signal Hill, la colline d'où l'on tire au canon tous les midis pour annoncer l'heure, viennent s'ajouter au décor. La route neuve, les trottoirs impeccables ou encore les espaces verts indiquent clairement que l'on entre dans le site le plus visité (12 millions de visiteurs par an) de l'Afrique du Sud, le Victoria and Alfred Waterfront.

Ce vaste espace portuaire a été totalement remodelé à partir de 1989 en s'inspirant des waterfronts de San Francisco et de Vancouver. Si vous essayez d'imaginer un endroit où il y a quelques bateaux de pêche, des quais, l'embarcadère pour Robben Island, où fut enfermé parmi tant d'autres Mandela, tous les magasins des plus grandes marques, un cinéma, un théâtre à ciel ouvert, un Océanopolis local, des restaurants à foison et comme population, une vaste majorité de touristes et une armée de gardes, vous approchez de la réalité. Ce n'est pas moche, loin de là, mais on a quand même une impression de manque d'authenticité, surtout quand s'ajoute à ce décor les démonstrations de danse africaine en peau de léopard par les gosses des bidonvilles, on sent que le lieu n'a pas encore trouvé son esprit...

J'ai réussi à entrer dans la zone de travail des bateaux de pêches grâce à un sympathique garde qui est venu me le proposer, m'ayant vu prendre des photos. Après s'être enquis de mes origines, il m'a avoué ne connaître de la géographie française que la ville de Lens... Je n'ai pas cherché beaucoup plus loin! Balade sur les quais, où les bateaux de pêche s'entassent dans des eaux à la propreté plus que douteuse, puisque le touriste lambda ne voit pas ce bassin. Les bateaux sont assez exotiques aussi, je n'ai pas trouvé le sister ship d'un caseyeur du Conquet... L'arrière plan reste quant à lui toujours aussi fascinant, il faudra décidément que j'aille prendre des photos de là-haut!

Dans un autre bassin, on peut voir entre deux yachts énormes le voilier tout neuf du défi sud-africain, actuellement en phase de réglage pour la Coupe de l'America. Première fois que je vois un Class America en vrai, ça parait encore plus fragile, léger et fin qu'à la télé. Je ne refuserais pas l'embarquement pour un petit tour dans la baie!

La nuit tombant vers 18 h, je ne dois pas trop m'éterniser, consigne de sécurité oblige. J'aperçois la baie entre les deux digues mais je n'ai pas le temps de faire le tour de ce Waterfront... Ça sera pour la prochaine fois! Retour vers la gare routière, puis la maison, avec le regret de rater le coucher du soleil...

Pour les photos, c'est ici!