Après le déluge, la balade

Un quart d’heure plus tard, ça se dégage, on monte vers le phare, ou plutôt l’un des phares. Cape Point est en fait un bout de montagne qui se jette dans l'eau, avec un sommet à 250 mètres d'altitude C'est à cet endroit que le premier phare du Cap a été construit, puisqu'à priori, plus le phare est haut, de plus loin il peut être vu. Pourtant, le calcul n'était pas si bon. Dans la zone, il arrive que la brume soit épaisse et persistante. Et du coup, un phare dans la brume, ça perd de son intérêt. Un autre phare, celui qu'on voit sur les posters, a donc été construit à 87 mètres au dessus de l'eau, tout au bout de Cape Point.

Suivre deux Humpback whales vers Cape Point

Sur le chemin des gardiens de phare, la vue est grandiose: on est sur la crête du cap, qui est bien recouverte de plante grasses, le dénivelé est fort côté False Bay, mais du côté Atlantique, la falaise est à pic! On aperçoit deux baleines au dos bien rond, des Humpback, qui sortent de False Bay et s'apprêtent à passer le cap... Que demander de plus? Que le chemin des gardiens ne soit pas fermé quelques centaines de mètres avant le phare? Frustrant de ne pas avoir le droit d'aller le voir de près, mais la vue console vite! Moi qui ai toujours aimé les bouts du monde, je suis servi!

Cape of Good Hope, iconoclaste...

Le Cap de Bonne Espérance, que les francophones confondent avec Cape Point, se trouve à quelques centaines de mètres à l'ouest. Et d'ailleurs, ce n'est pas le point le plus austral de l'Afrique (le Cape Alghulas gagne de quelques degrés), mais vu que c'est ici que les touristes passent, le panneau indique que c'est le point qui est le plus au sud-ouest du continent. Plus vert mais moins haut et pointu que son voisin, il n'est pas représenté sur les cartes postales, la confusion du nom de Bonne Espérance avec l'image de Cape Point trouve donc un début d'explication.

L'endroit est à la fois naturel et vivant: entre les phares, les parkings, la station de surveillance du climat, le petit tramway qui rejoint le somment ou encore les petits bunkers que l'apartheid, angoissé par la menace d'une attaque communiste, a laissé là, le paysage n'est pas tout à fait sauvage, et pourtant, le site n'est pas défiguré. Les cormorans s'abritent dans sa falaise, les baleines l'arrondissent tranquillement, alors que la mer vient s'y casser, s'y séparer en deux océans: le courant froid du Benguela, venu de l'antarctique, dévie vers l'ouest, vers l'Atlantique, pendant que le courant chaud des Alghulas, arrivant des tropiques, s'enroule vers le sud, refermant l'océan Indien. Un conflit de cette ampleur dans un endroit qui respire la sérénité...

Un petit tour dans le parc

Le reste du parc, plus intéressant pour sa flore que pour une faune bien discrète (même pas de babouin pour monter sur notre capot!), offre de beaux paysages, mais ils ne rivalisent pas avec la pointe. Quelques authentiques croix plantées par Vasco de Gamma à son premier passage sont en fait en parpaings, on soupçonne l'arnaque... Reste un joli spot de surf côté False Bay, où la vague visiblement plutôt puissante déroule avec pour arrière plan le cap.

Retour via la cote atlantique

Mais le retour par la côte ouest de la péninsule, par Scarborough et Kommetjie, est des plus surprenants. Le coucher de soleil sur les belles anses dans lesquelles la grosse houle d'ouest vient mourir, cachant encore quelques baleines, restera dans les mémoires. Chapman's Peak drive, l'une des plus belles routes du monde selon les guides, reste fermée pour cause de travaux, on fait le détour pour rejoindre Hout Bay puis longer les Twelve Apostles, avant de se faire une soirée ciné restau, histoire de profiter de la voiture et des vacances de la fac jusqu'au bout...

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