Sur la route

La première soirée a été passée dans la voiture, cap au nord... On avait prévu de dormir à Springbok, en Afrique du Sud, à quelques 150 kilomètres de la frontière, mais arrivé devant notre hôtel, son aspect glauque à la limite du bordel recouvert de néons nous a fait changer d'avis... Jon et moi, les seuls deux conducteurs pouvant conduire une voiture à boîte manuelle, sommes encore en forme, alors après avoir cherché un autre endroit dans cette petite ville totalement déserte ce soir là, on continue notre route.

Passage de la frontière, du pont sur le fleuve Orange, sans problèmes... On ne voit pas grand-chose de la Namibie, au-delà du faisceau de nos phares... Sur la route principale du pays, qui ressemble fort à une bonne départementale, on continue notre chemin, en prenant des quarts, ça me rappelle quelques navigations de nuit! Au ravitaillement en essence, on découvre les Dollars namibiens, maintenus à parité avec le Rand sud-africain, ce qui nous évite le passage au bureau de change.

1300 bornes au compteur, le soleil se lève doucement sur un paysage moins désertique que ce que j'imaginais... Si tout est plat, les arbustes et les quelques montagnes font tomber mes idées reçues... Quelques dizaines de kilomètres plus tard, arrêt dans la capitale, Windhoek, pour le petit déjeuner. La nuit n'a pas été des plus confortables mais tout va bien, on découvre les influences d'outre-rhin dans cette ancienne colonie passée sous domination sud-africaine après la Première guerre mondiale, la ville est sympa, mais sans plus... On continue la route vers le nord.

Après une pause déjeuner/goûter à Otjiwarongo, un bled sympa, puis encore deux heures de route, on arrive à Tsumeb, où l'on a prévu de passer la nuit. En arrivant au backpacker que l'on avait réservé, on comprend pourquoi on a eu du mal à joindre les backpackers depuis Cape Town, le guide officiel des visiteurs en Namibie est bourré d'erreurs, et le backpacker que l'on avait réservé est non pas à Tsumeb, mais à Swakopmund, LA station balnéaire du pays, à 500 kilomètres au sud-ouest! Heureusement, il y a de la place, après une balade dans cette petite ville centenaire très sympathique, on investit notre dortoir, se prépare une bonne platée de spaghettis, puis vers 20h, on va se coucher, un peu lessivés par ces kilomètres. Le lendemain, on prévoit de se lever à 5h30 pour arriver aux portes d'Etosha à l'ouverture. La nuit fut bonne!

Etosha National Park

On dispose de deux jours pour visiter ce parc immense, même s'il a été réduit de 100 000 km² à 25 000 km², il reste de quoi faire! Juste avant de passer l'entrée, on tombe sur une girafe qui se promène sur le bas côté! Impressionnant animal, tant pour ses 4,5m de hauteur que pour ses cils à faire pâlir d'envie les utilisatrices de mascara! Lever de soleil tranquille dans le parc, on s'arrête dans Namutoni, le premier des trois camps, pour payer notre permis (comptez 5 € pour les deux jours!) et récupérer une carte.

Puis on commence notre parcours. Les instructions sont claires, hors de question d'ouvrir une portière ou encore moins de descendre, avec 300 lions dans le parcs et un nombre indéterminé de léopards ou autres cheetahs, sans parler des rhinocéros. Les premiers springboks, black-faced impala ou red hartebeest retiennent notre attention, tout comme les 3 ou 4 girafes qui dégustent quelques feuilles d'arbres, ou encore les deux zèbres qui se promènent sur les bords de l'immense étang asséché depuis quelques milliers d'années qui a donné son nom au parc. Les lumières sont splendides, les couleurs intenses, la sensation d'espace hallucinante... Très rapidement, je me dis que je pourrais passer un bon mois dans ce parc avec un bon appareil photo sans m'ennuyer!

Pose ptit déj au camp, avant de parcourir une autre boucle et de découvrir les nombreux points d'eaux auxquels les animaux sont abonnés, étant donné les faibles pluies des dernières semaines. Les springboks, au nombre de 20 000 dans le parc, sont omniprésents, les zèbres, qui sont plus de 6000, se montrer un peu plus, les oiseaux sont tout aussi fascinants, sans parler des paysages, oscillant entre la savane, le désert et la petite forêt, avec des arbres morts qui mettent des dizaines d'années à se décomposer. À un point d'eau, on s'arrête derrière une voiture qui déborde de jumelles et de téléobjectifs, même si l'on ne voit rien... Ce sont 4 ou 5 lionnes, bien cachées dans les herbes, un peu à l'ombre, qui en bonnes félines, passent le plus clair de leur temps à ne rien faire. On ne peut que deviner leurs silhouettes, et après quelques minutes passées à espérer qu'elles bougent un peu, on continue, à priori, on devrait avoir l'occasion d'en voir d'autres!

On enchaîne les points d'eau et les chemins, avec des succès plus mitigés... Sur les 1500 éléphants présents, on finit tout de même par en voir un, monopolisant une flaque pour boire quelques dizaines de litres, avant de remuer la vase blanche et de s'en asperger totalement, belle régulation thermique, il fait plus de 30°, mais je ne suis pas sûr que cette technique soit au goût des zèbres et springboks qui attendaient leur tour pour boire!

L'après midi passe, l'observation des girafes, oiseaux et autres caméléons rend la voiture bien plus agréable que le jour précédent. Pourtant, les points d'eau les plus réputés sont relativement déserts, enfin comprenez par là qu'il n'y a que quelques dizaines de zèbres et d'antilopes et une poignée de girafes, mais pas les grands groupes d'éléphants, de lions, de rhinos, ou les panthères que l'on aimerait voir... Limite blasés!

Relâche au camp d'Okaukuejo, dans lequel on passera la nuit. En réservant le bungalow, on découvre que la Namibie, à l'inverse de l'Afrique du Sud, pratique l'heure d'hiver, et que l'on a traversé le pays et passé plus de 24h sans s'en apercevoir... Voilà qui explique le retard du tenancier du backpacker à Tsumeb pour nous laisser libérer les lieux, ainsi que notre arrivée devant les portes du parc encore fermées! Et dire qu'on avait passé les deux dernières semaines à se documenter sur le pays!

Une petite marche vers le point d'eau artificiel attenant au camp, qui sera éclairé cette nuit... Pour l'instant, un impala et un kudu, mais il parait que les éléphants peuvent y être nombreux... Un plongeon très apprécié dans la piscine du camp avant le coucher du soleil, puis retour au point d'eau, désespérément désert. Vers 20h, on se décide pour le buffet dans le restaurant du camp, mauvais rapport qualité prix mais ça nous fait un repas plus varié. Puis retour au point d'eau, cette fois-ci plus peuplé: entre les chacals et une hyène tachetée qui se balade dans les parages avec une démarche des plus caricaturales, quelques rhinocéros font leur apparition. Sans vouloir être méchant, ces animaux n'ont pas l'air des plus futés... Partant en courant devant leur reflet dans l'eau une fois sur deux, leur mauvaise vue semble se confirmer, et leurs interactions sont assez maladroites, du genre je charge avant de découvrir que je te connais... L'instinct maternel reste toutefois bien développé, il ne faut pas jouer avec le petit...

Vers 23h, on va se coucher, pour Jon, Julie et moi, ça sera lever avant 6h pour précéder le soleil, mais Ann et Emilie ont besoin de sommeil. Le lendemain, rien à se mettre sous l'œil au point d'eau, on décide de prendre la voiture pour aller voir un autre lieu bien plus côté, misant sur l'activité matinale de la plupart des animaux, pendant que nos camarades finissent leur nuit. Arrivant à ce point d'eau, nous sommes les premiers, on s'étonne de ne trouver qu'un springbok, on se dit qu'on s'est fait avoir par la brochure. On s'approche quand même...

Et là, d'un coup, on se rend compte que ce sont des lionnes qui sont au bord de la route... 5 d'après le premier décompte, on n'y croit pas, mais en se rapprochant encore, on en découvre en tout 17! Puis plus tard, le mâle, à l'écart, mais qui n'en impose pas moins... J'ai encore du mal à y croire. Ces énormes chats se réveillent doucement, baillant, léchant leurs énorme pattes... On reste scotchés 5 minutes avant de se dire qu'il faut absolument qu'on aille réveiller les autres. Une demie heure plus tard, on est de retour, cette fois parmi 6 autres voitures puis un car, les lionnes sont toujours aussi paisibles.

Quelques impalas se rapprochent, puis découvrent les prédateurs, mais commencent à bramer plutôt que de s'enfuir. Les lionnes restent tranquilles. Plus tard, ce sont des springboks qui débarquent avec quelques zèbres. Là, prêtes pour le petit déjeuner, les lionnes se mettent à l'affût, se collant les unes aux autres, ne laissant pas dépasser une oreille... Malgré les imprudences de quelques proies, pas de mouvement, les impalas passent à quelques mètres du mâle. Retour au camp pour libérer le bungalow, n'y croyant toujours pas.

On continue notre route vers l'ouest du parc, par les petits chemins... On a placé la barre assez haut, mais les phacochères et les kudus, qui semblent être entre antilopes et chameaux, nous occupent. Puis on arrive sur un point d'eau bien peuplé: de dizaines de zèbres, un éléphant, une girafe, des kudus, des autruches, des phacochères, des springboks, des gemsbok, des impalas, des oiseaux mais aussi un chacal qui a goûté au sabot d'un zèbre après lui avoir mordu la patte, et qui s'en est éloigné en ricanant... L'éléphant n'est pas très partageur pour l'eau: il chasse à plusieurs reprises les zèbres, puis même le kudu mâle, qui en impose pourtant. Tout ce beau monde réuni, quel spectacle!

On retrouve les bords de l'étang asséché, l'horizon semble à des milliers de kilomètres... Les mirages sont nombreux, on croirait à une mer. L'après midi arrive, on s'approche doucement du troisième camp, en jouant à qui trouvera le plus de girafes ou de springboks autour de la route, puis on fait une pause pour manger avant de reprendre la route vers le sud. Même sans léopard ou cheetah, Etosha n'aura pas failli à sa réputation, c'est vraiment un endroit à ne pas rater si vous avez l'occasion d'aller en Namibie! S'il vous faut des preuves, allez voir la petite sélection de photos!

La suite au prochain épisode!