Et pourtant, elle tourne...Réflexions très irrégulières sur la politique et d'autres sujets d'intérêt.2022-01-03T21:26:03+01:00Julien Carnoturn:md5:c0c6722ad07a3a2567f2ecd94e8739f9DotclearOù le marché est à la fois plus efficace, plus responsabilisant et plus prévoyant que sa prétendue « régulation »...urn:md5:bdf86a0d056c433b5dc1296c6ad70f5c2008-06-14T01:03:00+02:002008-06-16T23:10:09+02:00JulEnvironnementPolitiqueProspectiveÉconomie <p>Nous sommes en train de vivre une époque charnière. Après avoir constaté les franchissements de paliers symboliques du prix du baril de pétrole brut, les consommateurs commencent à en ressentir les effets. Ça fait mal. Et on sait que ce n'est pas un phénomène temporaire, que c'est une tendance lourde à laquelle on va devoir s'adapter. Et on commence, doucement, à limiter ses trajets, à s'organiser autrement.</p>
<p>Bref, ce que les écologistes disent depuis plus de trente ans, sans être franchement écoutés et encore moins entendus, le marché, <a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/22/Capitalisme-et-liberalisme">si imparfait soit-il</a>, est en train de le faire comprendre à tous les acteurs. Finies les <a hreflang="fr" href="http://www.legrenelle-environnement.fr/">déclarations de bonnes intentions</a>, maintenant, on <a hreflang="fr" href="http://www.ademe.fr/">passe à l'action</a> ou <a hreflang="fr" href="http://www.total.com">à la caisse</a>, au choix. Et si on passe à la caisse, c'est en connaissance de cause: on ne pourra pas le faire éternellement, il suffira d'une tension de plus sur les stocks pour que l'élixir devienne un luxe hors de portée.</p>
<p>Le marché est en train de réussir là ou l'écologie politique a échoué. Alors bien sûr, la méthode n'est pas très agréable, l'accompagnement psychologique est limité, et pour beaucoup, les conséquences seront radicales. On va devoir se faire à ce changement à moyen terme, puisque nous — et nos représentants — n'avons pas eu le courage de le préparer sur le long terme.</p>
<p>Mais voici que les représentants politiques, dans une belle unanimité, s'apprêtent à casser le thermomètre, à éteindre les voyants du signal prix qui clignotent au rouge et nous préparent au changement, à moins prendre à sa voiture, à co-voiturer.</p>
<p>Défiscalisons! Après tout, ce n'est pas comme si l'État avait besoin de ressources supplémentaires pour espérer retrouver des marges de manœuvre par ailleurs... Faisons en sorte que l'on puisse continuer à consommer comme on l'a fait. Puis, la demande augmentant encore, nous défiscaliserons encore quand les prix atteindront un nouveau pic. Subventionnons, même! Augmentons la prime à la cuve, plutôt que d'investir les mêmes moyens pour améliorer l'efficacité énergétique des habitations et diminuer progressivement et durablement la consommation.</p>
<p>Plus dure sera la chute, quand on se réveillera de notre <em>shoot</em> collectif au <a hreflang="fr" href="http://www.zonebourse.com/LONDON-BRENT-OIL-4948/analyse_technique/">Brut</a>, et que l'on ne trouvera plus de carburant, parce qu'en ayant continué à s'en gaver, nous aurons épuisé le stock exploitable.</p>
<p>Qu'on ne vienne pas dire ensuite que les marchés (ou plutôt leurs acteurs) ont une vision court-termiste et sont irresponsables... Seul espoir: qu'après avoir <a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/04/Quand-lUnion-europeenne-fait-le-boulot-de-lopposition-francaise">fait le boulot de l'opposition française</a>, l'<a hreflang="fr" href="http://europa.eu">Union européenne</a> fasse celui de l'ensemble des <q>responsables</q> politiques français: nous aider à regarder en face ce qui nous arrive, et nous y préparer si possible.</p>Propriété intellectuelle et croissanceurn:md5:4ecb1a12e2b94d77dd5514b956e1a7322008-02-02T01:38:00+01:002008-02-02T19:03:30+01:00JulCulturePolitiqueÉconomie<p>J'avais déjà abordé le sujet dans une précédente note, en me focalisant sur <a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2005/12/17/10-droit-auteur-domaine-public-fonctionnaires">les productions de l'État et de ses agents</a>, mais la parution d'une étude sur les effets économiques du <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fair_use">fair use</a></em>, qui désigne outre-Atlantique les diverses limites de la protection de la propriété intellectuelle, invite à reconsidérer une vision très réductrice de la résolution de la tension entre incitation à l'innovation et diffusion de l'innovation.</p> <p>Le chiffre est impressionnant: les acteurs économiques américains tirant une majeure partie de leur activité des exceptions à la protection de la propriété intellectuelle ont généré une valeur ajoutée de 507 milliards de dollars US entre 2002 et 2006, soit 18,3% de la croissance nationale sur cette période. L'<a hreflang="fr" href="http://www.ccianet.org/artmanager/uploads/1/FairUseStudy-Sep12.pdf">étude</a>, commanditée par la <em>Computer & Communications Industry Association</em>, peut certainement être critiquée sur ses présupposés et sur les chiffres atteints: le poids économique des moteurs de recherche américains, pour lesquels la limitation du copyright est en effet vitale, rend difficilement transposable ces chiffres ailleurs. Mais elle dénote une évolution intéressante, après des tonnes de rapport sur les pertes supposées être induites par le piratage ou sur l'impérieuse nécessité de renforcer la protection, que dis-je, le verrouillage des innovations.</p>
<p>C'est en effet une belle illustration de la double fonction de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Propri%C3%A9t%C3%A9_intellectuelle">propriété intellectuelle</a>. Elle permet de laisser à l'innovateur un monopole qui doit l'inciter à créer, en lui offrant des perspectives de profit. Mais ce monopole est <strong>temporaire</strong>: la propriété doit être <strong>limitée</strong> pour que l'innovation se diffuse et soit prolongée par les concurrents, qui génèrent sur ces nouveaux fondements de nouvelles innovations et de nouvelles activités.</p>
<p>L'histoire de la propriété intellectuelle montre que les <a hreflang="fr" href="http://www.pronetariat.com/" title="Le terme, particulièrement judicieux, est opposé à celui de pronétaire par Joël de Rosnay...">infocapitalistes</a> ont remporté bien des arbitrages. D'une protection de 14 ans après la divulgation de l'œuvre, renouvelable une fois en 1790 aux USA, on est aujourd'hui arrivé à un verrouillage de 70 ans après la mort de l'auteur.<sup><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2008/02/02/Propriete-intellectuelle-croissance#pnote-112-1" id="rev-pnote-112-1">(1)</a></sup> Autant dire que le domaine public a été sérieusement amputé. Mais les exceptions à la protection des œuvres, qui sont regroupées sous le terme de <em>fair use</em> aux États-Unis, sont tout aussi importantes: sans droit à la parodie, à la citation, à la copie privée, les œuvres ne pourraient entrer dans la culture qu'au siècle suivant.</p>
<p>Un rappel bienvenu: stimuler la création, c'est bien. La mettre sous cloche, c'est limiter les progrès que l'on pourrait en tirer, les usages et les détournements fertiles qui pourraient en être faits. Il ne suffit pas d'innover, il faut aussi que l'innovation puisse servir. </p>
<div class="footnotes">
<h4>Notes</h4>
<p><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2008/02/02/Propriete-intellectuelle-croissance#rev-pnote-112-1" id="pnote-112-1">(1)</a> On se reportera sur ce sujet à Lawrence Lessig, <em>Free Culture - How Big Media Uses Technology and the Law to Lock Down Culture, </em>The Penguin Press, 25 Mar 2004, 348 pages, ISBN 1594200068, téléchargeable gratuitement sur <a hreflang="en" href="http://www.free-culture.cc/">free-culture.cc</a></p>
</div>Simplifions la loi avec l'Assembléeurn:md5:30ca548a5dca80e4fdd9321de4ca81512007-10-04T13:17:00+02:002007-10-04T15:35:24+02:00JulPolitiqueTransparence<p><a hreflang="fr" href="http://simplifionslaloi.assemblee-nationale.fr/">Une belle initiative de la Commission des lois de l'Assemblée nationale</a>: appel à contribution pour chasser les lois mal faites.</p> <p>On ne s'en rend pas forcément compte au jour le jour, mais la législation française est malade.</p>
<p>Chaque année, ce sont 70 lois qui sont publiés au Journal officiel. Et ces lois sont de plus en plus longues. Pire: en plus d'exploser en volume, ce qui a déjà pour effet direct d'atténuer leur portée, elles sont de plus en plus mal rédigées. Au point que la <q>loi bavarde</q> est aujourd'hui censurée par le Conseil constitutionnel, quand celui-ci a l'occasion de le faire.</p>
<h3>Le coût d'une mauvaise loi</h3>
<p>On a parfois l'impression que si une loi n'apporte rien, permettant juste l'affichage médiatique de son promoteur, elle ne sera pas pour autant nocive. En réalité, on peut comparer l'écriture de la loi à celle d'un logiciel: bien sûr, on peut laisser passer des bugs, des répétitions, des injonctions contradictoires, ne pas optimiser le code. L'ensemble a des chances de fonctionner, mais il devient plus lourd et plus coûteux en ressources, et impossible à comprendre pour qui ne l'a pas créé.</p>
<p>Par exemple, bien des articles portant sur la fiscalité ont fait l'objet
d'incessantes modifications, parfois deux par an, pendant plusieurs
années de rang. Dans ce cas, comment le sujet de droit peut avoir la
moindre visibilité sur son avenir? On commence à comprendre qu'en plus de limiter le Parlement au rôle de machine à pondre des textes peu applicables et peu appliqués, et donc à l'empêcher de contrôler l'exécution de la loi et l'action du Gouvernement, les mauvaises lois nous coûtent très cher. Et ce coût dépasse largement celui de la publication de nouvelles pages de <acronym title="Journal officiel">JO</acronym>: les sujets de droit se voient aujourd'hui contraints de développer une veille juridique et d'imaginer quelle interprétation pourrait faire un juge d'un alinéa limpide comme du fuel lourd. Pour plus d'informations sur ces enjeux, on se reportera au <a hreflang="fr" href="http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/cgi-bin/brp/telestats.cgi?brp_ref=064000245&brp_file=0000.pdf">fameux rapport du Conseil d'État de 2003 sur la sécurité juridique</a>.</p>
<h3>À qui la faute?</h3>
<p>À nous, qui <a hreflang="fr" href="http://www.maitre-eolas.fr/2006/09/15/427-c-etait-mieux-avant">ne prenons pas le recul suffisant devant les faits divers</a>, qui nous imaginons que nous vivons une situation nouvelle, qui exige une loi nouvelle, quand bien souvent il n'en est rien. Aux médias, qui ne font le plus souvent rien pour nous sortir de cette ornière, pour qui nouveauté rime avec exclusivité, et donc ventes. Aux élus, qui ont parfois la faiblesse de chercher à se faire notre miroir, quand ils devraient nous représenter en prenant la responsabilité d'une absence de réaction lorsque celle-ci est inutile; et plus encore, à ceux qui tiennent à laisser leur nom au <acronym title="Journal officiel">JO</acronym> et faire ainsi preuve de leur activité et apparente efficacité.</p>
<p>La responsabilité est donc diffuse, mais aujourd'hui, il est urgent d'en revenir aux fondamentaux. <a hreflang="fr" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Montesquieu">Montesquieu</a>, déjà frappé par l'accumulation législative, esquissait ce principe:</p>
<blockquote><p>Il y a peu de relation de nos actions, qui sont en perpétuelle mutation, avec les lois fixes et immobiles. Les [lois les] plus désirables, ce sont les plus rares, simples et générales [...].</p>
</blockquote>
<p> Quitte à paraître un peu sec pour le législateur ne parvenant pas à mettre de côté sa vocation d'écrivain quand il légifère, il faut s'imposer la discipline que préconisait <a hreflang="fr" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Portalis">Portalis</a>:</p>
<blockquote><p>La loi permet, ordonne ou interdit.</p>
</blockquote>
<p>Si l'on réduit le volume, il sera déjà plus simple de voir les interactions d'une nouvelle disposition avec son environnement légal ou réglementaire.</p>
<h3>Un espoir: s'appuyer sur les expériences des citoyens pour restaurer la qualité de la loi</h3>
<p><a hreflang="fr" href="http://simplifionslaloi.assemblee-nationale.fr/">L'initiative de la Commission des Lois de l'Assemblée nationale</a> peut faire espérer l'avènement d'une plus grande vigilance du législateur quant à la qualité de son œuvre, mais marque aussi une évolution intéressante: le citoyen est invité à assister ses représentants, à attirer leur vigilance sur des articles devenus désuets ou en contredisant d'autres. Le législateur admet qu'il n'a pas seul les moyens de résoudre ce problème, que des experts peuvent exister en dehors de ceux qu'il avait l'habitude d'entendre en commission, que les praticiens du droit peuvent être d'une aide précieuse.</p>
<p>Alors bien sûr, la réalisation peut paraître un peu frustre, un simple formulaire, alors qu'il pourrait y avoir matière à faire vivre une communauté de contributeurs grâce à un outil s'inspirant de ceux qu'utilisent les logiciels libres utilisent pour recenser et suivre les bugs et leur résolution, et ainsi s'économiser une partie du traitement des contributions (ce qui s'annonce ardu, vu le rapport signal/bruit des <a hreflang="fr" href="http://simplifionslaloi.assemblee-nationale.fr/consult.php">premières contributions</a>), mais aussi stimuler la participation en donnant de la visibilité aux bonnes contributions ou encore organiser des campagnes de relecture collective. Mais le seuil psychologique est franchi. Et je ne doute pas que la forme suivra. Peut-être, qui sait, en s'appuyant sur la nouvelle version de <a hreflang="fr" href="http://www.legifrance.gouv.fr/">Légifrance</a> qui devrait arriver dans les mois qui viennent.</p>
<p>En attendant, si vous croisez <q>des dispositions devenues inutiles, redondantes, obsolètes ou insuffisamment normatives</q>, n'oubliez pas de le signaler à vos représentants.</p>Black out sur le partage du bouton rougeurn:md5:88533233095eeda3b0acf7c40bb302442007-09-21T01:27:00+02:002007-10-11T19:44:16+02:00JulEuropePolitiqueTransparence<p>Je n'aborde ici que très rarement l'actualité. D'une manière générale, c'est parce que le flux, ses pics, ses sujets obligés et ses focalisations me semblent souvent occulter les enjeux les plus intéressants. Et comme certains en font leur métier, je ne ressens pas le besoin de vous donner mon commentaire sur tel ou tel titre du jour.</p>
<p>Mais je viens cette semaine de faire une expérience assez étrange, qui prouve encore une fois la sélectivité du grand déversoir de l'actu. Le billet que vous vous apprêtez à lire ferait de ce modeste blog, si mes recherches ont été exhaustives, l'un des premiers médias français à traiter un sujet qui concerne à la fois l'avenir de la défense nationale et de la force de frappe, mais aussi les relations franco-allemandes, que l'on sait un peu tendues. </p> <p>Tout commence le samedi 15 septembre par un petit message instantané de <a hreflang="fr" href="https://julien-carnot.net/cape-town/post/2005/04/04/49-dans-la-coloc">Robert, ex-coloc allemand à Cape Town</a>, qui me parle d'<a hreflang="de" href="http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,505887,00.html">un article qu'il vient de lire</a> sur le site de <a hreflang="fr" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Der_Spiegel">l'hebdomadaire Der Spiegel</a>. Nicolas Sarkozy aurait proposé à Angela Merkel et Frank-Walter Steinmeier, chef de la diplomatie allemande, de discuter des modalités d'une <q>association</q> de l'Allemagne à la force de frappe nucléaire française. Lesquels auraient écarté cette hypothèse, affirmant que l'Allemagne n'aurait pas signé le <a hreflang="fr" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9%20de%20non-prolif%C3%A9ration%20nucl%C3%A9aire">Traité de non-prolifération nucléaire</a> pour se doter de l'arme atomique.</p>
<p>La révélation ainsi rapportée fait l'objet d'une dépêche de l'<a hreflang="fr" href="http://www.afp.fr/">AFP</a>, le samedi 15 septembre à 16h41, qui n'est apparemment <a hreflang="fr" href="http://www.romandie.com/infos/news2/070915144115.rkhx2gyu.asp">reprise que par le site Romandie News</a>, portail d'info suisse. J'attends de voir quel traitement sera réservé à l'info le week end, me disant que les rédactions doivent tourner au ralenti, mais que cette info sera forcément reprise le lundi.</p>
<p>Lundi midi: rien sur le sujet dans la presse française, d'après <a hreflang="fr" href="http://news.google.fr/news?hl=fr&ned=fr&ie=UTF-8&q=sarkozy+arme+nucl%C3%A9aire+merkel+-iran">Google News</a>. Un peu étonné, je fouille sur le site d'<a hreflang="fr" href="http://www.lemonde.fr">un grand journal du soir</a> pour vérifier que je n'ai rien raté. Et je me décide alors à envoyer un petit mail à son médiateur, m'enquérissant poliment du traitement de l'info par ledit journal <q>de référence</q>... J'espérais attirer un peu l'attention sur cette dépêche du week end, ou au moins comprendre pourquoi elle n'avait pas intéressé la rédaction. Aujourd'hui, toujours pas de nouvelles.</p>
<p>Ne voyant rien arriver, j'ai envoyé un petit mail à Daniel Schneidermann, qui lance ces jours-ci <a hreflang="fr" href="http://arretsurimages.net/">@rretsurimages.net</a>, que le non-traitement de l'info aurait pu intéresser. Un petit message aussi à <a hreflang="fr" href="http://www.rue89.com">Rue89</a>, qui me semble souvent friand d'infos de ce genre sur le nouveau président. Pas de retour non plus.</p>
<p><a hreflang="en" href="http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,506124,00.html">Der Spiegel International remet le couvert le 17 septembre</a>, en anglais et en recontextualisant cette offre française. Mais là encore, les frontières françaises sont restées étanches à l'info.</p>
<p>Me voici donc, moi qui voulait faire confiance aux médias pour jouer ce rôle, en train d'écrire un billet sur une dépêche de l'AFP. Je ne dis pas que l'info était capitale ou qu'on nous cache tout... Mais si elle est fondée, elle mérite d'être rapportée, montrant à la fois la stratégie française en matière de dissuasion nucléaire, mais aussi l'état des relations diplomatiques franco-allemandes, deux domaines d'intérêt pour le débat public. Chacun doit ensuite être libre d'en faire l'analyse, le commentaire, d'en tirer des conclusions qu'il souhaite.</p>
<p>Alors bien sûr, ce billet n'aura jamais l'impact d'une simple brève sur le site d'un vrai journal, fait par de vrais journalistes. Mais il existera.</p>Le député, élu local ou représentant de la Nation?urn:md5:46b26d3c27da6c5c7d9f56b633bc885e2007-08-03T15:00:00+02:002007-12-10T09:58:28+01:00JulPolitiqueTerritoires<p>Petit retour sur un glissement institutionnel et politique qui se confirme de campagne en campagne...</p> <p>Vous l'aurez peut-être remarqué, mais rares sont les candidats qui n'ont pas promis de représenter les intérêts de leur circonscription à l'Assemblée Nationale. Alors soit, la mode est à la proximité, à la prise en compte des problèmes des <em>vrais-gens-qu'on-croise-dans-la-rue</em>, avec en toile de fond une montée en puissance des territoires, qui prennent parfois la charge identitaire que l'on ne trouvait qu'au niveau national il y a encore quelques décennies. Mais c'est à mon humble avis à la fois une perversion des institutions et un détournement du système politique et un signe fort des limites de la décentralisation <em>à la française</em>. Un cas d'école de <em>lose-lose</em> pour l'État et les territoires, en somme.</p>
<h3>Le député doit représenter la Nation et non sa circonscription</h3>
<p>Au risque de passer pour un fervent défenseur de la <a href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/textes/constit.htm" hreflang="fr">Constitution de 1958</a>, une courte citation éclaire assez bien la répartition des rôles au sein du Parlement:</p>
<blockquote><p>Article 24:<br />
Le Parlement comprend l'Assemblée Nationale et le Sénat.<br />
Les députés à l'Assemblée Nationale sont élus au suffrage direct.<br />
Le Sénat est élu au suffrage indirect. Il assure la représentation des collectivités territoriales de la République. Les Français établis hors de France sont représentés au Sénat.</p></blockquote>
<p>Si les candidats ne maîtrisent pas la Constitution, <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/travail_depute.asp" hreflang="fr">la fiche descriptive du site de l'Assemblée</a> est limpide:</p>
<blockquote><p>Chaque député, bien qu'élu dans un cadre géographique déterminé, est le représentant de la Nation tout entière. Ainsi, à l'Assemblée nationale et dans sa circonscription, chaque député agit et parle au nom de l'intérêt général et non pas au nom d'un parti politique, d'un groupe d'intérêt ou d'une région.</p></blockquote>
<p>Comme son nom l'indique, la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chambre_basse" hreflang="fr">Chambre basse</a> est nationale. Les représentant du peuple doivent donc légiférer pour le pays entier, même si le scrutin est organisé par circonscription (<a href="http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnArticleDeCode?code=CELECTOL.rcv&art=L124" hreflang="fr">Article L124 du Code électoral</a>). Il n'y a donc pas lieu pour un député d'essayer de faire passer une législation avantageant ou protégeant sa circonscription.</p>
<p>Reste un pouvoir d'influence, dans l'environnement institutionnel actuel: avec un pied à terre parisien, un titre de député et le carnet d'adresses correspondant, il est en effet plus facile d'être reçu dans un ministère pour faire avancer un projet local dépendant de financements de l'État. C'est là une justification des plus convaincantes du cumul des mandats.</p>
<h3>Les territoires restent dépendants d'un relai parisien</h3>
<p>Mais l'État-guichet montre aujourd'hui ses limites... Et la situation est objectivement peu satisfaisante pour les collectivités. Avoir comme maire ou président un député apporte parfois un peu de visibilité (s'il fait partie des 30 à 40 députés médiatiques au niveau national), parfois une plus grande facilité à toucher les interlocuteurs, mais cela implique aussi de se résoudre à ne pas avoir un représentant à plein temps pour le projet de la collectivité.</p>
<p>Alors que les compétences et les responsabilités des collectivités territoriales se développent, qu'elles arrivent à maturité, ce cordon ombilical avec la Capitale devient de plus en plus encombrant, et apporte de moins en moins de nutriments. Alors bien sûr, le couper semble encore périlleux, chacun étant convaincu que renoncer à un siège de député, c'est aussi lâcher prise sur l'État, et laisser d'autres défendre leurs projets. Mais nous aurons maintenant au moins un exemple de députée sortante qui choisit de ne pas se représenter pour se consacrer à sa région...</p>
<h3>Quelques pistes pour résoudre les tensions et avancer?</h3>
<p>Ne voyez là aucune prétention d'un pseudo-constitutionnaliste en herbe: bien entendu il n'y a pas de solution miracle, mais il me semble que certaines évolutions pourraient peut-être nous sortir de cette situation insatisfaisante.</p>
<p>Comme vous l'avez lu plus haut, le Sénat doit assurer la représentation des collectivités territoriales. Pourquoi ne pas renforcer cette représentation, afin de garantir que tous les territoires soient bien représentés au Parlement, qu'ils aient la possibilité de peser sur la législation autrement que par les associations d'élus, de façon plus directe. Faire un vrai <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bundesrat_(Allemagne)" hreflang="fr">Bundesrat</a></em> à la française permettrait de dépasser les tensions entre ministères et législateurs qui décentralisent et s'en félicitent, puis tentent ensuite de garder leur mot à dire sur les champs de compétences décentralisés.</p>
<p>Avec une représentation des territoires et de l'ensemble du territoire national assurée, il devient inutile de tenter le grand écart entre un électorat découpé en circonscription locales et inégales peu cohérentes et la promotion de l'intérêt général dans le travail législatif. Les députés ne sont pas assez proches? Laissons-les prendre le large, pour appréhender leur travail de législateur avec une vision nationale, communautaire et internationale, et donnons plus de pouvoirs aux élus locaux.</p>
<p>En allant un peu plus loin, un scrutin de liste au niveau national permettrait de résoudre plusieurs problèmes souvent dénoncés. Les parachutages mal vécus par les citoyens et les militants locaux n'auraient plus de raison d'être. La parité pourrait être vraiment atteinte: chaque parti pourrait être contraint de constituer sa liste de candidats en alternance homme/femme. Les candidats <q>issus de l'immigration</q> feraient leur entrée à l'Assemblée; ou les partis pourraient être dénoncés pour leur double langage s'ils ne figurent pas en position éligible.</p>
<p>Enfin, la représentation des partis minoritaires pourrait être mieux assurée que par l'introduction d'une simple <q>dose de proportionnelle</q>, sans que les majorités ne soient instables. Pour ce faire, on peut s'inspirer du <a href="http://www.vie-publique.fr/actualitevp/dossier/scrutin_regionales.htm" hreflang="fr">scrutin utilisé pour élire les Conseils régionaux</a>: il permet d'évacuer les partis ultra-minoritaires au premier tour, en fixant la barre pour le passage au second tour à 10%, puis donne une prime de 25% des sièges au gagnant, ce qui lui assure une majorité confortable pour légiférer.</p>Capitalisme et libéralismeurn:md5:56481dfc018a3fcd931e9f3ca7745cca2007-06-22T15:21:00+00:002007-07-13T15:39:08+00:00JulEuropeLivresPolitiqueTravailÉconomie<p>On en viendrait à penser qu'il s'agit de synonymes, un peu comme Belzébuth et Lucifer, bien utiles quand il s'agit de désigner le Mal en évitant les répétitions dans son discours à la Fête de l'Huma. À la différence près que le libéralisme s'accommode bien mieux du suffixe ultra, quand il faut vraiment marquer son adhésion à l'alter-communisme. On se trompe, et ce d'un bout à l'autre du spectre politique.</p> <p>Tout d'abord, on confond un état historique et une théorie politique. Le capitalisme est la situation dans laquelle le facteur capital est dominant, dans laquelle il reçoit la plus grande part du bénéfice dégagé. Il s'accommode du marché, condition de l'éclosion des unités de production et de l'écoulement de ses produits, mais il n'a de cesse de le détourner. Le capitalisme pousse à la concentration des acteurs, pour augmenter la rente, et donc à la limitation de la concurrence, qui est fonde le pouvoir de l'acheteur et lui permet de choisir le prix et la qualité qu'il demande.</p>
<p>Le libéralisme, s'il est souvent réduit au mieux au laissez-faire économique, au pire à la concurrence effrénée qui tue le bon Peuple, est une théorie un tant soit peu plus profonde, qui nécessiterait hélas plusieurs tracts pour être expliquée. L'étymologie n'est pas trompeuse: il s'agit d'abord d'un système de pensée qui vise à protéger la liberté, à limiter le pouvoir par le pouvoir, mais aussi d'une théorie du neutre, qui vise à concilier les facteurs de productions et les opinions pour permettre la production et la vie en société.</p>
<p>Le plus souvent, on pratique l'amalgame le plus complet. Mais parfois, pour sortir de la position inconfortable de celui qui laisserait entendre qu'il n'est pas épris de liberté, on distingue le libéralisme politique, acceptable, du libéralisme économique, d'autant plus honni qu'il est limité à des effets de bords, présentés comme ses seuls résultats tangibles (qui présenterait la possibilité pour un commerçant ou d'un chef d'entreprise de s'installer comme un acquis du libéralisme?). D'un côté, la tradition des Lumières, de l'autre, les boursiers, le <acronym title="Fonds monétaire international">FMI</acronym> et la Commission européenne. Si l'intention de ne pas tourner le dos à la reconnaissance de libertés individuelles est louable, ce compromis n'est toujours pas satisfaisant.</p>
<p>En fait, nous avons oublié ce qu'était le libéralisme, avant qu'il ne soit utilisé par les capitalistes modernes pour
rendre leur <em>agenda</em> plus acceptable. En effet, sous couvert de libéralisme, certains demandent aujourd'hui un recul de l'État, de l'impôt et des systèmes sociaux. Si le libéralisme n'implique pas l'État-providence, il pose toutefois le principe d'une régulation sociale et économique, pour permettre à la démocratie et au contrat de se développer. Les capitalistes adoptent donc une lecture très partielle et intéressée, soit. Le problème, c'est que l'ensemble de la société leur
emboîte le pas dans la perversion de cette théorie politique, qui
prône pourtant un équilibre entre travail et capital, la coexistence des acteurs par la concurrence quand ils veulent
la domination du capital et la jouissance de leur rente.</p>
<p>Alors de grâce, arrêtons de dire du Président qu'il est un libéral, ou
un <q>ultra-libéral</q>. Il <a hreflang="fr" href="http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-926859@51-866290,0.html">vient d'arracher à nos partenaires le retrait de
l'objectif de concurrence libre et non faussée du prochain traité
européen</a>. Il fait reculer la fiscalité sur les successions, déjà
dérisoire, là où une politique libérale l'aurait alourdi par rapport à
l'impôt sur le revenu, pour permettre l'enrichissement des personnes,
mais limiter les effets de dynastie qui induisent l'inégalité à la
naissance. Il s'insurge que les produits importés ne financent pas les
dépenses sociales nationales, ne mettant en avant que les aspects protectionnistes de la <acronym title="Taxe sur la valeur ajoutée">TVA</acronym> sociale. On pourrait multiplier les exemples. Sarkozy n'est
pas un libéral, même s'il vous affirmerait le contraire la main sur le cœur...</p>
<p>Face à lui, la gauche, en adoptant cette vision du libéralisme, croit devoir s'y opposer au nom de la justice sociale. De fait, on s'interdit une intervention économique plus <em>light</em>
mais potentiellement plus juste, plus incitative. On s'interdit la régulation des monopoles et on renforce les frontières qui interdisent à certains d'exister dans la vie économique, pour préférer les incantations de
''patriotisme économique'' et le soutien des ''grands champions'', qui
n'en demandaient pas tant, merci pour eux. On fait une montagne des délocalisations, qui représentent 5,5% des causes de restructuration en Europe début 2007<sup><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/22/Capitalisme-et-liberalisme#pnote-100-1" id="rev-pnote-100-1">(1)</a></sup>. Et l'on ajuste donc tout notre système économique, nos politiques et nos aides publiques à ce <em>risque</em>, qui, à force de répétition se propage dans l'esprit des salariés. Au lieu d'accompagner la mutation et de limiter ses effets sur les personnes, on en fait un drame national et on essaie de la freiner.</p>
<p>Voilà comment nous avons échoué, là où nos voisins ont pu évoluer. Au lieu de réguler le capitalisme, nous accusons le libéralisme. Au lieu de s'assurer de la neutralité du système, on le rigidifie. En se trompant de terme, on se
trompe d'ennemi, et donc de solution.</p>
<p>Si avez envie d'approfondir la réflexion, je ne peux que vous recommander ce livre ô combien nécessaire et d'une lecture agréable: <em>Le libéralisme contre le capitalisme</em>, de Valérie Charolles (Fayard, 2006). </p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/22/Capitalisme-et-liberalisme#rev-pnote-100-1" id="pnote-100-1">(1)</a>Chiffre du <a hreflang="en" href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/22/%3Cp%3ETout%20d%27abord,%20on%20confond%20un%20%C3%A9tat%20historique%20et%20une%20th%C3%A9orie%20politique.%20Le%20capitalisme%20est%20la%20situation%20dans%20laquelle%20le%20facteur%20capital%20est%20dominant,%20dans%20laquelle%20il%20re%C3%A7oit%20la%20plus%20grande%20part%20du%20b%C3%A9n%C3%A9fice%20d%C3%A9gag%C3%A9.%20Il%20s%27accommode%20du%20march%C3%A9,%20condition%20de%20l%27%C3%A9closion%20des%20unit%C3%A9s%20de%20production%20et%20de%20l%27%C3%A9coulement%20de%20ses%20produits,%20mais%20il%20n%27a%20de%20cesse%20de%20le%20d%C3%A9tourner.%20Le%20capitalisme%20pousse%20%C3%A0%20la%20concentration%20des%20acteurs,%20pour%20augmenter%20la%20rente,%20et%20donc%20%C3%A0%20la%20limitation%20de%20la%20concurrence,%20qui%20est%20fonde%20le%20pouvoir%20">European Monitoring Centre on Change</a> dans son <a hreflang="en" href="http://www.eurofound.europa.eu/emcc/erm/templates/displaydoc.php?docID=35">rapport trimestriel</a>.</p>
</div>Quand l'Union européenne fait le boulot de l'opposition française...urn:md5:9897d0b0876de836865ad12a5ce4e0da2007-06-04T15:39:00+02:002007-06-15T13:57:19+02:00JulEuropePolitiqueÉconomie<p>On vit une époque formidable. Au moment où les médias se transforment en carnet de jogging présidentiel, où l'<q>opposition</q> ne se préoccupe que de maintenir ses sièges à l'Assemblée ou de chercher des candidats à présenter pour dimanche prochain, il est rassurant de voir que certains regardent toujours là où le bât blesse.</p> <p> La Commission et la Banque centrale européenne commencent à s'émouvoir en public de la politique économique du nouveau Président. Celui qui s'était fait l'image d'un rigoureux gestionnaire des finances publiques, le temps d'une campagne, qui s'est permis de trouver le programme du PS trop cher et de feindre d'ignorer celui de Bayrou pour la réduction des déficits, est revenu en mode <q>exercice du pouvoir</q>.</p>
<p>Pour répondre à l'enjeu de la dette, des déficits, on en revient donc après avoir promis d'énormes économies à la solution traditionnelle, celle que l'on emploie depuis 30 ans. Pour revenir à l'équilibre, on se donne 5 ans. Comme il y a 5 ans. Et d'ici là, on suscite le grand choc économique qui va nous porter à 3% de croissance. Comme ce qu'on nous a promis dans les 5 dernières années. Je vous laisse déduire le résultat que l'on obtiendra dans 5 ans... Qu'importe, on se donnera encore 5 ans... </p>
<p>Je n'aurais pas la désobligeance de rappeler que pendant que nous repoussons l'échéance, l'Allemagne vient de passer de 3,3% de déficit à 0,6% en deux ans, ni que l'Italie continue ses efforts pour passer sous les 3%. À ceux qui ont cru que tout devenait possible, il faudra désormais préciser que le slogan s'applique partout, à l'exception du territoire français...</p>
<p>Cela n'émeut pas grand monde. L'absence de rupture - même tranquille - sauvegarde la tradition politique française en la matière, ce qui nous permet de replonger tranquillement dans le consensus le plus mou, en espérant pouvoir exploiter l'argument de la gestion calamiteuse des comptes à la prochaine campagne électorale, quand le traitement de la dette sera devenue le premier poste budgétaire.</p>
<p>Mais heureusement, nous avons à Bruxelles des amis bienveillants et suffisamment francs et patients pour nous avertir que nous faisons fausse route en abandonnant <strong>3 à 4 milliards d'euros </strong>(soit 10% de notre déficit annuel) de recettes fiscales en pur effet d'aubaine pour les propriétaires de logements remboursant leur emprunt, sur un marché immobilier ne répondant déjà pas à la demande. Voici deux extraits de ce que l'on nous dit:</p>
<blockquote><p>Le même président de la République ne peut à la fois appeler de ses
vœux une meilleure gouvernance économique de la zone euro et prendre
des dispositions qui risquent de faire déraper les comptes.<sup><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/04/Quand-lUnion-europeenne-fait-le-boulot-de-lopposition-francaise#pnote-110-1" id="rev-pnote-110-1">(1)</a></sup></p>
</blockquote>
<blockquote><p>Il existe sans doute des dépenses plus vertueuses<sup><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/04/Quand-lUnion-europeenne-fait-le-boulot-de-lopposition-francaise#pnote-110-2" id="rev-pnote-110-2">(2)</a></sup></p>
</blockquote>
<p>Certes, le langage est diplomatique et ne correspond pas au format de la sacro-sainte petite phrase, seule digne d'intérêt pour le 20h... Mais la critique ferme sans être outrancière, met l'incohérence à nu, sans brandir les spectres de l'ultra-libéralisme, du fascisme ou de la dictature. Une belle leçon d'opposition efficace, qui pourrait bien nous servir dans ces
cinq années où les gesticulations de la gauche n'auront comme réponses
que de nouvelles gesticulations présidentielles.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/04/Quand-lUnion-europeenne-fait-le-boulot-de-lopposition-francaise#rev-pnote-110-1" id="pnote-110-1">(1)</a>Citation attribuée à <q>un commissaire européen</q>, <a hreflang="fr" href="http://www.latribune.fr/info/Premiers-signaux-d-inquietude-de-l-UE-sur-les-deficits-francais-204-%7E-UNION-DEFICITS-FRANCE-20070604TXT-$Db=News/News.nsf-$Channel=Bourse">La Tribune</a></p>
<p><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2007/06/04/Quand-lUnion-europeenne-fait-le-boulot-de-lopposition-francaise#rev-pnote-110-2" id="pnote-110-2">(2)</a>citation attribuée à <q>un commissaire européen</q> (le même?), <a hreflang="fr" href="http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-918083,0.html">Le Monde</a></p>
</div>Nouvelle vie, nouveau blog...urn:md5:ef6f9abc1fec315714cc17b8b88d786d2007-05-18T13:25:00+00:002007-06-15T12:24:20+00:00SophieVécu <p>Alors que je vis mes dernières semaines d'étudiante, je prépare un nouveau blog plus pro...</p>
<p>Dans une quinzaine de jours, j'aurais soutenu mon rapport de stage. Dernière épreuve avant de recevoir mon diplôme de M2 Pro. Puis je plongerai dans une nouvelle vie, dite "active": à moi le monde du travail !!</p>
<p>Grâce à Julien, j'élabore une stratégie de recherche d'emploi sur le net. Mon principal outil: <a href="http://sophie-mouton.info" hreflang="fr">un blog</a>, qui détaille <a href="http://sophie-mouton.info/projet" hreflang="fr">mon projet</a> et <a href="http://sophie-mouton.info/experiences" hreflang="fr">mes expériences professionnelles</a>. Pour l'instant il est en construction, mais à terme j'espère y mettre aussi <a href="http://sophie-mouton.info" hreflang="fr">quelques réflexions sur le patrimoine</a>, sur les expos que j'aurai visitées, etc. N'hésitez pas à me donner votre avis!</p>
<p>J'avoue que je n'aborde pas cette nouvelle vie sans un peu d'appréhension: est-ce que je vais trouver <strong>le</strong> boulot génial? Quand? Où? L'avenir quoi !</p>Vers une société de la connaissance ouverteurn:md5:4afce0811259a5383b76e8f1bffd547f2007-04-26T00:04:00+00:002007-05-29T22:28:43+00:00JulCultureCultureLogiciel librePolitiqueTechnologiesTransparence <p>Si les enjeux culturels et informatiques vous intéressent, j'imagine que vous n'aurez pas raté le <a href="http://www.desirsdavenir.org/commun/pdf/RapportRocard.pdf" hreflang="fr">rapport</a> que Michel Rocard a remis à <a href="http://www.desirsdavenir.org" hreflang="fr">Ségolène Royal</a> début avril... Mais si jamais c'était le cas, je vous invite à jeter un œil sur ses 94 recommandations remarquables!</p>
<p>Si l'équipe dont s'est entouré le rapporteur compte de belles pointures dans le domaine, il est évident que Michel Rocard est le responsable politique le plus pointu et le plus visionnaire sur ces enjeux. Ajoutez à cela sa prédilection européenne et sa capacité à articuler les différents niveaux d'intervention, et vous avez de quoi réfléchir un moment...</p>
<p>Tout y passe, de l'économie du numérique, <q>l'industrie culturelle</q>, les services publics et l<em>'e-administration</em>, l'éducation, la diffusion du progrès numérique, son application à la pratique démocratique, aux libertés et capacités numériques. À titre d'exemple, je vous livre ici mon <em>top five</em> des recommandations, mais n'imaginez surtout pas que les 89 autres soient dénuées d'intérêt...</p>
<ul>
<li>#2: La France doit jouer un rôle actif dans la définition et la promotion de standards ouverts, y compris pour les secteurs émergent (web, 3D, géographiques, médical, etc).</li>
<li>#13: Valoriser l’innovation et l’esprit d’initiative des étudiants (participation à des sites coopératifs ou au développement de logiciels libres, projets d’entrepreneurs juniors) ainsi que leur prise en compte dans l’obtention des diplômes ou par des crédits universitaires.</li>
<li>#36: Confier à un seul ministère la responsabilité des services au public (guichets, téléphones, internet etc.)</li>
<li>#56: Toute production administrative, toute délibération de nature publique doit automatiquement et rapidement être mise en ligne et facilement accessible.</li>
<li>#72: Soumettre toute proposition risquant de conduire à un affaiblissement de l'état actuel de protection des données personnelles au nom d'exigences sécuritaires à l'avis du Parlement sur la base de rapports contradictoires dont ceux émanant des organismes chargés de la protection des données et ceux des associations dans le domaine des droits de l'homme.</li>
</ul>
<p>Si rien que ces cinq mesures étaient mises en œuvre, avouez qu'on serait quand même franchement plus avancé pour atteindre les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Strat%C3%A9gie_de_Lisbonne" hreflang="fr">objectifs de Lisbonne</a>...</p>En direct de Marly Gomont !urn:md5:02fc9a8f7d71a73dcc3a77ed2630a5db2007-02-08T16:54:00+00:002007-05-27T23:45:37+00:00SophieVécuCultureTerritoiresVécu<p>Nous avons mené pour vous, chers lecteurs, une grande enquête de terrain : direction Marly Gomont !</p> <p>Munis des paroles du désormais célèbre <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kamini" hreflang="fr">Kamini</a>, nous nous sommes rendus dimanche 4 février 2007 au coeur du bocage de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thi%C3%A9rache" hreflang="fr">Thiérache</a> et nous avons contemplé. Le poète dit-il vrai?</p>
<blockquote><p>65 ans la moyenne d’âge dans les environs,<br />
1 terrain d’tennis, 1 terrain de basket,<br />
3 jeunes dans l’village donc pour jouer c’est pas chouette,<br />
J’viens d’un village paumé dans l’Aisne, en Picardie,<br />
Facilement , 95 % de vaches, 7 % d’habitants, (...)</p></blockquote>
<p>Premier constat : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marly-Gomont" hreflang="fr">Marly Gomont</a>, charmant petit village, est doté d'une population de jeunes plutôt active, que ce soit à scooter, à cheval ou sur le terrain de foot ! Quant au "village paumé", Kamini s'est un peu lâché. Certes Marly Gomont est à environ 45 minutes de Saint-Quentin, 60 000 habitants, capitale de la haute Picardie, mais ce village est loin de souffrir de la désertification. On y trouve des commerces, un café (genre PMU), et même une poste ! De quoi faire envie à pas mal de petits bleds!! Pour ce qui est du côté champêtre, rien à redire, c'est bel et bien la campagne. Marly Gomont est traversé par l'axe vert, un circuit de randonnée très emprunté par les piétons, les cyclistes et les cavaliers. Il y a de l'animation, de l'animation rurale!</p>
<blockquote><p>A Marly Gaumont, les gens y parlent pas verlan,<br />
« Y parlent à l’endroit comme ça, c’est ben suffisant » *accent Chti*</p></blockquote>
<p>Evidemment les gens du coin ont, pour quelques-uns, un sacré accent ! Et pas seulement à Marly Gomont, hein!</p>
<blockquote><p>Parti en mobylette hein, l’métro des p’tits patelins (...)<br /></p></blockquote>
<p>Là on peut dire qu'il a vu juste, les transports sont un gros problème dans la région surtout chez les jeunes qui cherchent un emploi et qui n'ont pas le permis ! Ici sans voiture, c'est la galère !!!</p>
<blockquote><p>Y’a pas d’bitume là bas,<br />
C’est qu’des pâtures,<br />
mais c’là n’empêche que j’ai croisé pas mal d’ordures</p></blockquote>
<p>Mon expérience locale ne permet pas de statuer sur le racisme supposé des Picards. Certes sur la route entre Saint-Quentin et Guise je vois pas mal d'affiches FN, mais quelle région est épargnée? Les gens avec lesquels je travaille sont très blessés par cette partie de la chanson, qu'ils trouvent au demeurant plutôt rigolote. Du coup il y a une sorte de fronde anti-Kamini, rendez-vous compte ça fait des années qu'il n'habite plus Marly Gomont !!</p>
<p>Reste de notre grande enquête qu'on a découvert un village très mignon, sous un beau soleil d'hiver. Il y a plein de trucs à faire dans le bocage de Thiérache, ça nous a donné envie de revenir pour découvrir tous les chemins de randonnée, faire du kayak, du cheval, etc. Le coin est vraiment magnifique, préservé ... Un autre regard sur la Picardie !</p>
<p>Si vous passez dans le coin, surtout ne ratez pas le <a href="http://www.familistere.com" hreflang="fr">Familistère</a> ! Mais c'est une autre histoire !</p>Faire plus avec moins...urn:md5:1745b6bfdc220f460d8b5eb88e9148402007-02-01T00:15:00+00:002007-05-27T08:36:17+00:00JulEn vracHistoirePolitiqueVécuÉconomie<p>Depuis quelques mois, entouré de fonctionnaires que je suis, j'ai noté un réflexe très intéressant... D'ailleurs, celui-ci n'est probablement pas étranger au privé, mais je n'ai pas eu l'occasion de l'observer d'aussi près. En cette période charnière entre deux budgets, deux périodes annuelles d'évaluation, et donc propice à la formulation de nouveaux objectifs, survient invariablement la complainte des moyens, à chaque fois que l'un de ces sujets est évoqué.</p> <p>Pour caricaturer:</p>
<blockquote><p>Regarde encore ce qu'ils veulent nous faire avaler, il faut toujours faire plus avec moins de moyens!</p></blockquote>
<p>Tout cela sur le mode de l'outrage et de la dénonciation de l'inanité de la direction générale qui a eu le toupet de préparer un budget aussi ridiculement faible (comprenez qui a progressé de moins de 15% par rapport à l'exercice passé).</p>
<p>Qui refuserait d'avoir plus de moyens... Évidemment, c'est toujours plus confortable d'en avoir sous le coude, de pouvoir étaler sans même se poser la question quand on est face à un problème. Mais, au delà de toute considération sur la faisabilité, est-ce vraiment souhaitable?</p>
<p>Regardons un peu le temps long, notre histoire économique: depuis toujours, l'Homme a dû composer avec des ressources finies. Une seule planète, dont on ne pouvait parcourir que quelques kilomètres carrés pour se nourrir et s'abriter. Alors pour vivre mieux, nous avons appris à mieux utiliser ce que nous avions sous la main, en avons construit des outils, qui ont démultiplié nos efforts. À ma connaissance, les bifaces n'ont pas été parachutés sur Terre, comme une rallonge budgétaire providentielle.</p>
<p>Nous nous sommes développés dans une situation de manque. C'est cette situation qui nous a fait développer notre inventivité. Depuis toujours, nous avons cherché à faire plus avec moins, ne serait-ce que par fainéantise. Ce processus se traduit par le progrès technique ou plus largement par les gains de productivité: c'est probablement ce pour quoi nous sommes le plus doués - si l'on exclut notre capacité à nous entretuer gaiement pour de sombres motifs religieux, domaine dans lequel nous avons pris une avance irrémédiable sur toutes les autres espèces, mais il est vrai que je m'égare.</p>
<p>Si vous me suivez toujours, je vous pose la question: en quoi est-ce que nos modes d'organisation devraient échapper à cette tendance lourde de l'humanité qu'est la recherche de solutions efficaces, dans un contexte de limitation de nos capacités? Pourquoi est-ce qu'une administration serait fondamentalement incapable de réaliser des gains de productivité, même si ceux-ci sont plus difficile à comptabiliser que dans le privé?</p>
<p>Si vous avez des pistes, merci de les partager, parce que des fois, je me sens un peu seul...</p>Le culte de la TPE/PMEurn:md5:801c30144be3aae56fc8f826b7a3b1a92006-12-09T15:51:00+00:002007-05-27T08:37:00+00:00JulEn vracPolitiqueÉconomie<p>Vous avez remarqué? 33 ans après la parution de <em><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Small_Is_Beautiful" hreflang="en">Small is Beautiful</a></em>, la série de livres de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/E._F._Schumacher" hreflang="en">E. F. Schumacher</a>, qui a vu dès le premier choc pétrolier que nos économies n'étaient pas soutenables, on en a surtout retenu le titre. Que l'on s'est appliqué à généraliser à tous les domaines.</p> <p>Tout ce qui est petit est mignon, c'est bien connu. Un exemple, parmi tant d'autres: la Très petite entreprise. Quelle trouvaille, cette dénomination. Chapeau. Autant la grosse boîte transnationale ne peut être animée que des pires intentions, autant la <acronym>TPE</acronym> est mignonne, forcément inoffensive et fondamentalement tournée vers le Bien et le bonheur de la planète.</p>
<p>Pensez donc: c'est l'embryon de l'emploi, le ressort de la croissance, de l'innovation. Tout le monde sait bien que les grandes organisations ont dû mal à évoluer, à rester à la pointe. Dans la <acronym>TPE</acronym>, l'exécutant peut donner au patron toutes ses bonnes idées d'optimisation des <em>process</em> à la pause tous les matins. Pas besoin d'intermédiaires, que du direct, du rapide, de l'efficace. Le client n'a jamais affaire à 5 niveaux de hiérarchie, tous plus prompts à ouvrir le parapluie et se renvoyer les fautes. Il a un interlocuteur, qui doit bien assumer, si jamais tout ne s'est pas passé comme il faut.Aujourd'hui, ce sont les petites structures qui constituent la réserve d'emplois futurs, ce sont les <acronym>PME</acronym> qu'il faut aider, pas les gros, qui eux, font rien qu'à délocaliser. Bref, on se demande bien pourquoi plein de gens vont encore s'emmerder à bosser dans ou avec des grandes entreprises alors que le paradis sur terre est à portée de main.</p>
<p>Peut-être parce que la <acronym>TPE</acronym>, c'est <em>aussi</em> l'entreprise personnelle qui ne créera jamais plus d'un emploi, parce que le but de son patron est de pouvoir vivre de son boulot et travailler tout seul. En 2004, 993 200 entreprises des secteurs du commerce, de l'industrie et des services n'ont pas de salarié, sur un total de 1 338 100 <sup>[<a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2006/12/09/33-culte-tpe-pme#pnote-98-1" id="rev-pnote-98-1">1</a>]</sup>. C'est aussi la petite entreprise dans laquelle le chef peut être le pire des salauds, harcelant ses salariés et oubliant de leur payer leurs heures supplémentaires. La <acronym>TPE</acronym> ne garantit pas la démocratie sociale: sous le seuil des 11 salariés, la représentation des salariés n'est pas obligatoire. De 11 à 50 salariés, des délégués doivent être élus. En pratique, on en est loin: 2/3 de ces PME n'ont pas de délégué. Quoiqu'on pense de la culture syndicale française, on peut quand même imaginer qu'en l'absence de représentation, il ne doit pas être simple de donner dans les <em>best practices</em> de gouvernance.</p>
<p>Il y a aussi une chose que l'on oublie souvent: toutes les grosses entreprises ont commencé par être des <acronym>TPE</acronym>. Ce qui ne veut pas dire que toutes les <acronym>TPE</acronym> puissent devenir des grandes entreprises, mais en tous cas, ces organisations ne sont pas de nature différente. Oui, il existe des gros acteurs trop peu réactifs et trop peu dynamiques, mais pour chacun d'entre eux, combien de petites structures totalement inefficientes et mal organisées? Combien d'innovations qui ne verront jamais le jour parce que pour innover, il faut aussi être solide et pouvoir se permettre d'arrêter un peu de produire pour réfléchir à comment mieux produire?</p>
<p>Oui, les <acronym>TPE</acronym> représentent un <em>potentiel</em> d'emplois intéressant. Mais ce n'est pas parce qu'elles sont plus vertueuses. C'est en grande partie parce qu'une embauche représentant un risque important pour leur équilibre, elles tournent souvent en sous-effectif chronique. De ce fait, dans une conjoncture économique défavorable ou incertaine, ce potentiel d'emploi restera au stade de potentiel, et les emplois existants n'offriront pas des conditions de travail des plus agréables. On peut toujours simplifier les formalités d'embauches, leur verser des aides ou consentir des crédits d'impôts ou des exonérations de charges sociales, mais la question fondamentale reste celle du risque. Soit l'entreprise doit l'assumer, ce qui n'est pas gagné pour ces petites structures, soit c'est au salarié d'en supporter une partie, et là on crie -parfois à juste titre- à la précarité.</p>
<p>D'autre part, il est assez clair que cette vénération de la <acronym>PME</acronym>, outre ses relents poujadistes, est <a href="http://www.senat.fr/rap/r96-374/r96-374_toc.html" hreflang="fr" title="Aider les PME : L'exemple américain">directement inspirée des USA</a>, qui encouragent fortement l'activité des <acronym>PME</acronym> en les aidant à exporter et à se protéger des importations, en leur réservant des marchés publics, et qui semblent en tirer quelques bénéfices puisque de 1993 à 1997, elles auraient créé 90% des emplois. Mais gare au copier-coller: les <acronym>TPE</acronym> américaines ont un cycle de vie très différent des françaises: les créations sont très nombreuses, mais les destructions aussi, et celles qui survivent atteignent beaucoup plus vite une taille de grosse <acronym>PME</acronym>, embauchant rapidement quand elles réussissent. Ici, ce gisement d'emploi restera donc largement inexploité, malgré toutes les aides que l'on apportera aux <acronym>PME</acronym>, tant qu'elles n'auront pas la même dynamique.</p>
<p>L'idéalisation du petit est d'autant plus facile que c'est la seule partie que l'on croit connaître. Quand on parle de disparition des petits commerces, chacun imagine sa boulangère au chômage, et oublie aussitôt la fois où l'on a passé un quart d'heure à faire la queue pour avoir une baguette pas fraîche. On nage dans l'affectif. Et pour faire un choix macro-économique, c'est souvent la meilleure façon de se planter. Cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas prendre en compte l'humain, bien au contraire. Mais pour mettre l'économie <q>au service de l'Homme</q>, l'anthropomorphisme est une impasse. Si l'instinct de protection du petit peut permettre la survie de l'espèce, en économie, il nous aveugle sur le processus de destruction créatrice qui nous a permis de sortir des cavernes. Si notre modèle social était un tant soit peu performant et protégeait les personnes et pas leur emploi, tout le monde rirait à l'idée que l'on puisse verser une larme dans un <acronym>JT</acronym> sur les difficultés d'une entreprise, aussi petite qu'elle soit.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/post/2006/12/09/33-culte-tpe-pme#rev-pnote-98-1" id="pnote-98-1">1</a>] <a href="http://www.pme.gouv.fr/economie/chiffresclefstpe/41.pdf" hreflang="fr">Source</a>: Ministère des <acronym>PME</acronym> (<em>sic</em>), du commerce, de l'artisanat et des professions libérales, d'après les chiffres INSEE.</p></div>
Un vice-premier ministre...urn:md5:661fb7f01a08ca354cdb1d43198b837c2006-11-10T00:40:00+00:002007-05-27T08:32:56+00:00JulEn vracEnvironnementInstitutionsPolitique<p>C'est vrai, maintenant que j'y pense, ça devait être ça qui nous a tant manqué...</p> <p>La trouvaille de cet été de Nicolas Hulot est devenue la <a href="http://www.pacte-ecologique-2007.org/nicolas-hulot/pages/06_propositions/06_01_propositions_.php" hreflang="fr">proposition 01</a> du <a href="http://www.pacte-ecologique-2007.org" hreflang="fr">Pacte écologique 2007</a>, qui veut interpeller tous les candidats sur l'insoutenabilité de notre développement. Un vice-premier ministre chargé du développement durable, ça c'est du concret, du facile à mettre en œuvre rapidement.</p>
<p>C'est simple: le développement durable est un enjeu transversal, donc il faut quelqu'un au dessus des ministres qui n'en feront pas leur priorité. Postulat: <q>cette nouvelle politique - le développement durable - doit recevoir une traduction institutionnelle, au cœur de l’État.</q>. Changement de politique, changement institutionnel. Soit. Un peu comme en 1971 quand on s'est rendu compte que l'environnement, c'était important, et que donc il fallait créer un ministère de l'environnement. Puis comme quand on a décidé que l'écologie, c'était important, et qu'il a été renommé Ministère de l'écologie et du développement durable.</p>
<p>La proposition a le mérite de trancher avec l'hypocrisie des promesses de gouvernement <q>resserré</q> que l'on entend à chaque fois. Mais en regardons de plus près les prérogatives annoncées pour ce super-ministre:</p>
<p>Il a :</p>
<ul>
<li>la responsabilité d'assurer cette dimension dans tous les choix politiques</li>
<li>une administration dédiée</li>
<li>autorité sur les préfets afin de disposer d’une représentativité locale et de moyens supplémentaires pour conduire son action</li>
</ul>
<p>Il:</p>
<ul>
<li>élabore et veille sur la feuille de route de chaque ministère dont l’action concourt au développement durable</li>
<li>préside le Comité interministériel du développement durable qui se réunira trimestriellement</li>
<li>présente annuellement la stratégie nationale de développement durable et le bilan des actions devant le Parlement</li>
<li>soumet à étude d’impact <q>Développement durable</q> tous les projets de loi</li>
<li>élabore le calendrier à cinq ans des objectifs de l’action gouvernementale dans ce domaine</li>
<li>pilote de nouveaux indicateurs environnementaux</li>
<li>coordonne les travaux des différents comités et instituts de prospective : Centre d’analyse stratégique, Délégation à l’aménagement du territoire...</li>
</ul>
<p>Je ne sais pas vous, mais ça me rappelle fortement un autre poste... Lequel de ces attributs fait actuellement défaut au Premier Ministre? La présidence du comité interministériel? Il l'a déjà, <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DEVX0300013D" hreflang="fr">depuis février 2003</a> . L'autorité sur les préfets? Tout ministre, et à fortiori le chef du Gouvernement, a autorité sur les préfets, puisque ceux-ci en sont les représentants. La coordination de l'action gouvernementale et l'arbitrage? C'est sa mission première! Rien ne s'oppose à ce que le Premier Ministre soit le <q>Monsieur Développement durable</q> du Gouvernement, s'il en faut un.</p>
<p>Plus encore, quand on prend en compte la vie propre des ministères et leur capacité à écraser, à contourner tout nouveau joueur et à se cacher les infos entre eux, le tout sur fond de rivalités entre corps, il devient évident qu'un numéro 2 du gouvernement aux missions transversales ne fera jamais le poids.</p>
<p>Si l'on veut vraiment donner du soutien au développement durable, il faut que cette responsabilité revienne au Premier Ministre: lui seul peut avoir assez d'autorité pour tenter de contraindre les ministères puissants. Et accessoirement, on peut ainsi faire sauter le Ministère de l'écologie et du développement durable, qui semble condamné à rester un petit ministère incapable de peser sur Bercy ou sur l'Agriculture.</p>
<p>Morale de l'histoire: vouloir avoir un ministre en plus à faire inviter au <acronym>JT</acronym> de temps en temps, qu'il soit vice-président ou non, c'est la meilleure façon de laisser les gros ministères continuer tourner comme ils l'ont toujours fait, sans s'inscrire dans une démarche de développement durable. Nos institutions ont beau ne pas être au goût du jour pour tous les enjeux, il y a encore des bénéfices à en tirer avant de coller des rustines aussi hasardeuses.</p>Visionnaireurn:md5:b4c930e6aa365c702a09b1ab579860882006-09-14T22:37:00+00:002007-05-27T08:37:57+00:00JulCultureCultureProspective <blockquote><p>C'est du volume de données dont elle dispose que notre époque tire un sentiment immérité de sa supériorité;<br />alors que le véritable critère porte sur le degré auquel l'homme sait pétrir et maîtriser les informations dont il dispose.</p></blockquote>
<p><strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Goethe" hreflang="fr">Goethe</a></strong>, cité par Georges Elgozy dans <em>Le désordinateur - le péril informatique</em>, Paris, Calman-Levy, 1972 (p.27). Ne lisant pas sa langue, je n'ai pas pu retrouver l'original.</p>
<p>C'est vraiment écœurant les gens qui comprennent tout avec 200 ans d'avance.</p>Un petit tour dans le Haut Atlasurn:md5:1452a171f102587fd6aa0d9de8d6c3892006-08-29T12:31:00+00:002007-05-28T22:11:13+00:00JulVécuTechnologiesVacancesVécu <p>Après un été de stage pour Sophie et de bricolage/jardinage pour moi-même, une petite respiration d'une semaine au Maroc nous a fait le plus grand bien... Un jour et demi à Marrakech avant de passer 3 jours et demi dans le Haut Atlas pour une randonnée tranquille, puis un dernier jour à Essaouira, un peu court pour parler couramment berbère mais au final, un bon voyage, qui a permis de voir un peu comment les gens vivent dans les montagnes.</p>
<p>Pour les amateurs de <a href="http://earth.google.com" hreflang="fr" title="Logiciel de visualisation de notre planète gratuit (mais propriétaire) et hautement chronophage">Google Earth</a>, voici un petit fichier à ouvrir dans ce logiciel, qui vous permettra d'afficher un tracé très approximatif (reconstitué de mémoire, sur une zone non couverte en haute définition pour le moment...) de la randonnée et quelques photos de paysage. Ne l'utilisez donc surtout pas pour préparer une randonnée.</p>
<p><a href="https://julien-carnot.net/et-pourtant/public/ge-haut-atlas/trekking_Maroc_08-2006.kmz">trekking_Maroc_08-2006.kmz (6ko)</a></p>
<p><ins>Si vous n'avez pas Google Earth, <a href="http://maps.google.fr/maps?f=q&hl=fr&q=http://julien-carnot.net/et-pourtant/public/ge-haut-atlas/trekking_Maroc_08-2006.kmz&ie=UTF8&z=13&om=1&t=k" hreflang="fr">Google Maps</a> permet maintenant de visualiser les fichiers KMZ directement dans votre navigateur... En plus, la zone est maintenant couverte en haute résolution. Que demande le peuple? ;-)</ins></p>Pourquoi je ne donne pas à AIDES...urn:md5:65553eedbcbb69ec75941f20ce08b2ae2006-06-08T17:28:00+00:002007-06-23T12:31:06+00:00JulVécuTransparenceVécu<p>Cette après midi, j'ai eu affaire à ma deuxième mandataire de <a href="http://www.aides.org" hreflang="fr">AIDES</a>, l'association française de lutte contre le sida bien connue. Deuxième fois en quelques mois qu'un ou une <em>djeun</em>' fort sympathique m'arrête pour me demander de faire un prélèvement automatique afin <q>de leur donner des moyens d'agir dans la durée.</q></p> <p>Si l'on a le malheur de ne pas vouloir s'engager dans la durée en remplissant un énième contrat pour avoir un énième engagement à résilier un jour, le ton change rapidement, surtout si l'on dit que l'on est pas autonome financièrement, que l'on est étudiant. Le <em>djeun</em> rétorque que lui aussi il est <em>djeun</em>, que c'est pas facile mais qu'il donne quand même. S'en suit une démonstration moraliste au possible sur combien c'est important et tout et tout. Notez que je ne dis pas le contraire, le sida est un drame dont <a href="https://julien-carnot.net/cape-town/2004/09/29/31-sida" hreflang="fr">je crois être bien conscient</a> et je ne conteste pas l'importance de la lutte que l'on doit lui opposer, ni le rôle majeur des ONG et des bénévoles en la matière.</p>
<p>Mais chez les deux spécimens de mandataires à qui j'ai parlé, on sent la même fausseté de l'engagement, on ne retrouve pas la discrétion et l'humilité du bénévole qui force le respect et convainc de la justesse de sa cause. Car cette campagne <del><q>de sensibilisation</q></del> de récolte de fonds (dans les deux cas, je n'ai pas eu la moindre information sur le sida) est menée par des salariés, qui quêtent 35 heures par semaine, <q>parce que c'est mieux que d'aller bosser au Quick</q> (citation véridique de ma mandataire de cette après-midi). D'ailleurs AIDES le reconnait par un doux euphémisme dans <a href="http://www.aides.org/sites/actualites/?arbo_parent=1013/1743/&cmd=fichier&id=1743&type=A&niveau=2&id_dossier=1013" hreflang="fr">la news parue au début de la campagne sur le site d'AIDES</a>:</p>
<blockquote><p>AIDES a décidé de <strong>mandater</strong> de nombreuses personnes pour aller à la rencontre du public, dans la rue. Ces actions de sensibilisation sont complémentaires des actions menées au quotidien par les nombreux <em>volontaires</em> de l’association en matière de prévention et de sensibilisation. Cette approche directe, réalisée dans la rue, permet de toucher de nouveaux publics parfois plus difficiles à sensibiliser.</p></blockquote>
<p>Je ne ferai pas de commentaire désobligeant sur la concentration de nouveaux publics difficiles à sensibiliser à la sortie du métro Abesses en plein Montmartre à Paris ou sur une coquette place du centre historique de Grenoble dont le nom m'échappe. Remarquez, il est sans doute plus difficile d'obtenir des autorisations de prélèvement bancaire dans les quartiers où il y a plus de populations de jeunes à sensibiliser.</p>
<p>Je pense qu'il manque une information importante au passant charitable: dans quelle proportion le prélèvement qu'il va souscrire va servir à payer la boîte de marketing sous-traitante et les smics de nouveaux mandataires, et non à lutter contre le sida? Il l'apprendra dans la lettre d'information annuelle, quelques mois et quelques prélèvements plus tard, j'imagine (je n'ai pas trouvé d'info sur leur budget sur leur site)...</p>
<p>AIDES, je fais ici une promesse de don: je vous ferai un don quand vous n'utiliserez plus autant de moyens à recruter des donateurs mais à vraiment sensibiliser des gens qui ne l'ont pas été et à distribuer encore plus de préservatifs à la génération post-Sidaction.</p>DotClear m'a "libérer"urn:md5:33c91cb0c4dc1d53deb2e28c4aa8ccf12006-05-14T23:00:00+00:002007-05-27T08:41:51+00:00JulCultureCultureLogiciel libreTechnologiesTransparence<p>Hommage à un logiciel d'une grande qualité, première étape de ma découverte du monde du logiciel libre.</p> <h3>L'avant</h3>
<p>Fin juin 2004, avant de <a href="https://julien-carnot.net/cape-town/" hreflang="fr">m'envoler pour l'Afrique du Sud</a>, je m'intéresse enfin au choix de la solution que j'allais utiliser pour <a href="http://www.julien-carnot.net/cape-town/" hreflang="fr">bloguer de là-bas</a>. En gros, d'après les premières investigations, il y a un choix à faire, soit ouvrir un compte sur une plateforme de blog payante (je n'aurais pas voulu imposer de la pub ou être dépendant d'un service gratuit sans garantie sur le long terme), du style de <em>Typepad</em>, ou acheter un nom de domaine et un hébergement pour installer un logiciel de blog, du style de <a href="http://www.dotclear.net/" hreflang="fr" title="DotClear, logiciel de publication de blog en PHP/MySQL, puissant, simple et respectueux des standards">Dotclear</a>, qui lui est gratuit.</p>
<p>Choix bien banal du logiciel gratuit contre une solution payante, me direz-vous. Il y a eu un peu de ça, mais ça n'a pas été le critère déterminant: après tout, j'étais prêt à consacrer 25€ par an pour l'hébergement et le nom de domaine... Choix dicté par la volonté de faire un blog qui reste en ligne longtemps après cette expérience, choix dicté aussi par la volonté de bricoler un peu, de maîtriser l'outil qui allait accueillir mes états d'âmes.</p>
<h3>Quoi, il y a des standards pour le web?</h3>
<p>Ayant une petite mais maintenant lointaine expérience de l'édition d'un <a href="http://perso.wanadoo.fr/amath.kakikouka/" hreflang="fr">site web associatif</a>, je n'avais jamais imaginé que le code produit par mon logiciel de l'époque, <em>Microsoft Frontpage</em>, ne respectait pas <a href="http://www.webstandards.org/learn/faq/faq_fr.html" hreflang="fr">les standards du web</a>, des normes qui permettent d'assurer l'interopérabilité sur le web. Autrement dit que chacun puisse accéder au contenu avec l'outil de son choix, sur écran, sur papier, en lecture audio... Le site sur lequel j'ai bossé quelques soirées marchait bien pour la majorité des internautes, mais si l'on avait besoin de le lire sur un terminal spécial, du genre table braille, ce n'était pas gagné.</p>
<p>En commençant à bricoler un peu le thème bien documenté de <a href="http://www.dotclear.net/" hreflang="fr" title="DotClear, logiciel de publication de blog en PHP/MySQL, puissant, simple et respectueux des standards">Dotclear</a>, je découvre les bonnes pratiques de ces standards. Je découvre un code propre et optimisé pour être léger et intéropérable, séparant bien le contenu de la forme. Du coup, cette dernière n'entrave pas les lecteurs qui ont des besoins spécifiques, elle peut alors être parfaitement homogène sur chaque page et peut être facilement modifiée pour tout le site, d'un coup. Sans compter l'avantage en temps de téléchargement, toutes les informations de style étant chargées une fois au lieu de l'être avec chaque page consultée.</p>
<h3>Le logiciel et le choix</h3>
<p>Là, je viens d'écrire <q>l'outil de son choix</q>, parce qu'en effet, on a le choix: le web, ce n'est pas ce <em>e</em> bleu qui traîne sur votre bureau, ça, c'est <q>Internet Explorer</q>, un navigateur parmi d'autres, qui soit-dit en passant est bien en retard sur sa concurrence. Sur les conseils glanés sur le forum de <a href="http://www.dotclear.net/" hreflang="fr" title="DotClear, logiciel de publication de blog en PHP/MySQL, puissant, simple et respectueux des standards">Dotclear</a>, j'installe donc en septembre 2004 <a href="http://www.mozilla-europe.org/fr/products/firefox/" hreflang="fr">Mozilla Firefox</a>, en version 0.9.</p>
<p>Là, je peux vous dire, ça fait un choc. Même en pré-version, je découvre des tonnes de fonctionnalités qui me manquaient sans que je le réalise vraiment. Je découvre qu'il y a une solution bien plus efficace pour naviguer sur plusieurs pages en même temps que d'ouvrir 10 fenêtres. Je découvre que les pubs qui m'agressaient ne sont pas une fatalité. Je découvre qu'un logiciel gratuit, produit par une entité à but non lucratif, est bien meilleur que celui de <em>Microsoft</em>. À ce moment là, je découvre que ce logiciel n'est pas seulement gratuit, il est aussi libre: tout le monde peut consulter son code source, et donc étudier son fonctionnement, ou construire un autre logiciel sur sa base.</p>
<h3>Des logiciels libres par milliers</h3>
<p>Là, tout s'enchaîne: tout en installant quelques équivalents libres à des utilitaires dont j'avais besoin, comme <a href="http://www.7-zip.org/fr/" hreflang="fr" title="Logiciel de compression/décompression d'archives">7zip</a> pour compresser et décompresser toutes formes d'archives au lieu de <em>Winzip</em> ou <em>Winrar</em>, ou encore <a href="http://filezilla.sourceforge.net/" hreflang="en" title="Client FTP">Filezilla</a> remplaçant avantageusement les clients <acronym>FTP</acronym> que j'avais pu utiliser jusque là. Et dans l'<a href="http://www.framasoft.net/rubrique2.html" hreflang="fr">annuaire de Framasoft</a>, on trouve des centaines de ces logiciels, pour quasiment tout faire ...</p>
<p>Pendant ce temps là, je commence à m'instruire sur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_Libre" hreflang="fr">les origines et les grands principes du logiciel libre</a> et je découvre les applications de ces principes aux créations artistiques, avec la <a href="http://artlibre.org/" hreflang="fr">licence Art Libre</a> et sa <em>copyleft attitude</em>, que j'adopte pour <a href="https://julien-carnot.net/cape_town/photos/" hreflang="fr">ma galerie de photos</a>, avant d'opter pour une <a href="http://fr.creativecommons.org/" hreflang="fr">licence Creative Commons</a>, qui s'applique aujourd'hui à tous mes écrits et photos. Pourquoi? Parce qu'interdire la copie de ces <q>œuvres</q> serait stupide: elle ne me nuit pas, elle ne me coûte rien... Je préfère autoriser dans un cadre bien défini, qui me garantit par exemple d'être cité comme auteur, plutôt qu'interdire à quelqu'un que ça intéresserait de se servir de ce que je livre ici à tous.</p>
<p>Et je ne suis ni le premier, ni le seul, loin de là... Allez faire un tour sur <a href="http://commons.wikimedia.org" hreflang="en">Wikimédia Commons</a> pour découvrir des centaines de milliers de photos à télécharger, copier et recopier, ou sur <a href="http://www.jamendo.com" hreflang="fr">Jamendo</a> ou <a href="http://musique-libre.org" hreflang="fr">Musique Libre</a> pour découvrir des artistes qui vous offrent leur albums en <acronym>MP3</acronym> ou en Ogg, sans <acronym>DRM</acronym>, à écouter sans soucis...</p>
<h3>Du blog au navigateur aux utilitaires à la suite bureautique...</h3>
<p>Après m'être mis en confiance avec Firefox et les utilitaires, après en avoir appris plus sur les principes sous-jacents qui m'ont convaincu, pourquoi en rester là? En février 2005, j'entends parler des pré-versions d'<a href="http://fr.openoffice.org/" hreflang="fr">OpenOffice 2</a>, une suite bureautique complète, libre et gratuite, qui utilise elle aussi des standards et des <a href="http://formats-ouverts.org/blog/2005/10/22/577-pour-ses-5-ans-et-1-semaine-voila-le-nouvel-openofficeorg-avec-de-nombreux-formats" hreflang="fr">formats ouverts</a> pour garantir l'interopérabilité entre différents logiciels et donc la pérennité des documents qu'elle génère. Si ces soucis vous semblent abstraits, essayez donc d'ouvrir votre document vieux de 10 ans au format <em>Microsoft Word 2</em> dans votre <em>Microsoft Word 2003</em>. Vous découvrirez avec émoi que votre document est illisible.</p>
<p>Après quelques tatônnements pour les fonctions les plus pointues du traitement de texte, j'arrive rapidement à faire ce que je faisais sous <em>Word</em>, avec en plus quelques fonctions bien pratiques comme la hiérarchisation des titres (séparation contenu/forme, quand tu nous tiens...) par les raccourcis claviers, l'export en <acronym>PDF</acronym> en un clic... Bref, pour peu qu'on ait un peu de temps devant soi et la volonté d'apprendre à dompter la nouveauté, la migration se fait sans heurts. Depuis, je n'ai plus utilisé <em>Word</em>, et à la faveur d'un changement d'ordinateur, je n'ai pas réinstallé la suite <em>Microsoft Office</em>.</p>
<p>Pour mon courriel, j'utilise désormais <a href="http://www.mozilla-europe.org/fr/products/thunderbird/" hreflang="fr">Mozilla Thunderbird</a>, le petit frère de Firefox, qui a importé tous mes mails d<em>'Outlook</em> et qui me fait oublier combien de spam je reçois tous les jours, en les filtrant efficacement. Ce logiciel est peut être moins impressionnant que Firefox, mais il a le grand mérite d'être léger, simple et efficace.</p>
<h3>...puis au système?</h3>
<p>Puis en avril 2005, en confiance avec ces nouveaux logiciels, j'ai eu envie de voir ce que donnait une <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Distribution_linux" hreflang="fr">distribution de Linux</a> qui commençait à faire un peu de bruit, <a href="http://www.ubuntu-fr.org/" hreflang="fr">Linux Ubuntu</a>. Essai du <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/LiveCD" hreflang="fr">live-cd</a></em>, ce cd-rom qui vous permet de découvrir le système d'exploitation et tous les logiciels qu'il intègre sans l'installer et sans faire la moindre modification sur votre système d'exploitation actuel.</p>
<p>Puis j'ai installé ce système d'exploitation en plus de <em>Windows XP</em> sur mon <acronym>PC</acronym>, avec quelques coups de main bienvenus de Manu, explorant un peu plus ses possibilités quand j'avais un peu de temps... J'attends à présent la prochaine version pour l'installer sur mon nouveau <acronym>PC</acronym>, tout en suivant ses évolutions avec les <em>live-cds</em>. Gardez un oeil sur cette distribution, elle progresse vraiment de jour en jour, vers toujours plus de simplicité et de facilité pour l'utilisateur. Pour ne rien vous cacher, je ne suis pas encore tout à fait prêt à faire le grand saut, il me reste une ou deux applications qui n'ont pas encore leur équivalent. Mais je n'en doute pas, ce n'est qu'une question de mois...</p>
<p>En espérant que ce billet vous incitera à vous intéresser de plus près au logiciel libre si vous n'êtes pas encore converti, et si c'est le cas, à prendre conscience que la migration peut parfois prendre du temps et être progressive, mais qu'elle n'en est pas moins efficace. Merci en tous cas à <a href="http://www.neokraft.net" hreflang="fr">Olivier Meunier</a>, créateur de <a href="http://www.dotclear.net/" hreflang="fr" title="DotClear, logiciel de publication de blog en PHP/MySQL, puissant, simple et respectueux des standards">Dotclear</a>, et à la DC_Team pour m'avoir mis un pied dans cet univers...</p>
<p>Ps: Je rassure toutes celles et tous ceux qui croieraient à une énorme faute de français dans le titre, il semble que je n'aie rien inventé en évoquant <a href="http://www.neokraft.net/post/2003/08/13/363-nouveau-cms#c7477">dans une même phrase DotClear et une scène de crime...</a></p>Le retour...urn:md5:68805c45c7b3651a56a537574fd9ef322006-05-10T14:43:00+00:002007-10-04T11:33:12+00:00SophieVécuUniversité<p>Des abysses du master 1 à la galaxie orientation.</p> <p>Trois mois que je n'ai rien écrit sur ce blog. Je n'y arrive pas, ce n'est pas mon rythme peut-être? Il faut dire que je me suis bien perdue dans les profondeurs du master 1. J'y ai passé mes journées, j'en ai parfois rêvé la nuit. C'est fou! Oublier que le monde continue à tourner pour ne plus penser qu'à son sujet. Le problème c'est que je n'arrive jamais à être contente de ce que j'écris. Alors évidemment je recommence et ça prend du temps! Et puis parfois je sature, alors je passe des heures à regarder ce que crache la télé ou tout simplement à dormir. Et pas de place pour ce blog...</p>
<p>Aujourd'hui je suis dans une période de transition. J'aime pas ça, je suis froussarde. Alors que je commence à penser la mise en page de mon texte, je me réveille lentement et me retrouve propulsée dans une réalité qui m'angoisse. L'année prochaine. Aïe, aïe, aïe, l'année prochaine... C'est un phénomène cyclique chez moi. J'ai souvent le même remède: une conseillère d'orientation. Un autre univers...</p>
<p>Dans la galaxie orientation, tout me paraît mal foutu. J'ai toujours la désagréable impression de ne jamais être bien informée, de découvrir les formations intéressantes par hasard. La semaine dernière, je me suis bien marrée. J'ai voulu prendre mon avenir en main. Il paraît qu'il y a une conseillère-psychologue-justement spécialisée dans le culturel. Génial! Je ne sais pas si ces gens ont conscience de l'espoir qu'on place en eux. Je ne m'attendais pas à une bonne fée avec sa baguette magique. Un coup de main aurait été apprécié. Une dame, tout à fait sympathique, m'accueille. Mais elle ne peut répondre à aucune de mes questions, trop précises paraît-il. Bon. Je la regarde incrédule choisir mon futur d'après le simple nom d'une formation. Et regardez, celui-ci à Brest, ça a l'air pas mal? Le contenu, elle sait pas, mais le titre sonne bien. Je ne sais pas si je vais pleurer ou rire. Pour finir, elle me dit de ne pas m'inquiéter. Je suis un bon dossier.</p>
<p>Mais pour quoi faire?</p>
<p>Alors j'ai décidé de prendre un peu de temps pour réfléchir. Je n'ai pensé qu'à moi pendant quelques temps. Je me suis examinée sous toutes les coutures. Je crois que je tiens le début d'un projet. Si, si!! J'ai décidé de faire ce que j'aime. Le patrimoine culturel.</p>
<p>Pour tout vous dire, j'en suis au stade CV / lettre de motivation. Dur dur... Il faut tout bien ranger dans sa tête, c'est pas mon fort! ;-)</p>Bravo Jean Lassalle!urn:md5:7c2d7852d038d310f5fcd046ab4257ef2006-04-17T10:10:00+00:002008-01-30T08:40:50+00:00JulEn vracPolitiqueTerritoiresÉconomie<p>Vous avez réussi! Bien sûr, votre vallée bien aimée ne s'en remettra pas... Mais tout n'est pas perdu, vous pourrez écrire un beau bouquin sur cette expérience, et les journalistes et autres animateurs de <em>prime-time</em> vous appelleront encore pendant quelques mois.</p> <p>Revenons un peu sur le fond: une entreprise veut développer son activité et s'accroître. Pour cela, elle envisage de construire une autre usine à 60km de là, pour avoir des infrastructures et un environnement plus adéquats à son activité. Pour un site Seveso, il semble en effet intéressant d'avoir des pompiers à proximité pour intervenir par exemple. De même, s'éloigner un peu du Parc National des Pyrénées ne paraît pas tout à fait incongru pour une industrie chimique.</p>
<h3>L'emballement médiatique</h3>
<p>C'est dans ce contexte qu'arrive <a href="http://www.jean-lassalle.fr" hreflang="fr">Jean Lassalle</a>, député de la 4e circonscription Pyrénées-Atlantiques, personnage délicieusement exotique pour médias parisiens lassés de faire semblant d'informer la ménagère de moins de 50 ans sur le <acronym>CPE</acronym>. Il a même un petit accent de provincial et un béret, c'est dire. Quand une rédaction tient un client du genre, elle ne le laissera pas tomber tant que le public n'en sera pas repu.</p>
<p>Et voilà ce qu'il faut pour faire d'un député un nouveau héros politique - à croire que la période en manque. <q>Si même un député doit faire une grève de la faim pour qu'on l'écoute, notre démocratie va bien mal...</q> <q>Voilà enfin un homme politique dévoué, prêt à tout pour sa circonscription...</q> Grand mouvement de sympathie pour l'élu du peuple, qui fait figure d'<acronym>OVNI</acronym> dans salle des Quatre-Colonnes, que l'on présente comme un type bien, qui a au moins le mérite d'essayer, même si ça doit bien faire rire les journalistes en <em>off</em>.</p>
<p>Pendant 39 jours, on suit sa perte de poids, les visites de ses camarades, puis on envoie même des équipes sur le terrain, pour faire quelques plans de la vallée d'Aspe, de l'usine, de la maman du député, histoire de rendre la saga plus visuelle. On évoquera, sans se poser plus de questions, les réserves de la <acronym>CGT</acronym> quant à la méthode: l'histoire est trop belle, on veut croire et faire croire à cet acte de bravoure, de courage politique.</p>
<p>Pas plus que Jean Lassalle ne l'a apparemment fait, on ne réfléchira aux conséquences de cette démarche. On ne verra pas les énormes erreurs, économiques, politiques, stratégiques et même diplomatiques accumulées dans toute cette démarche.</p>
<h3>Dans une économie ouverte, l'entreprise décide</h3>
<p>Admettons le postulat de Jean Lassalle: Toyal ne veut pas se développer ailleurs, mais <q>se délocaliser</q>. Si cela reste à prouver, un responsable politique local devrait savoir qu'une entreprise ne s'engage jamais à rester <em>ad vitam eternam</em> quelque part. Même si le coût d'un déménagement n'incite pas à une mobilité irréfléchie, elle partira si elle peut faire vraiment mieux ailleurs. Dans une économie ouverte, principe qui n'est pas franchement combattu par l'<acronym>UDF</acronym>, c'est l'entreprise qui décide. On peut parfois influencer ces choix en agissant sur leurs déterminants, mais elle a le dernier mot.</p>
<p>Si la vallée d'Aspe n'est plus un territoire pertinent pour une entreprise d'un secteur donné, il faut se demander pourquoi. Si les causes sont des dysfonctionnements légers, on peut faire un effort pour les résoudre. Si les causes sont plus lourdes, autant accepter de tourner la page et se préparer activement à la suite.</p>
<h3>Laisser partir pour mieux préparer la suite</h3>
<p>Comme souvent dans les territoires fragiles, le premier réflexe est de tout faire pour maintenir l'employeur dominant en place, à tout prix. On sait bien que le développement économique est susceptible d'arriver par la spécialisation du territoire dans une activité porteuse d'avenir. C'est elle qui permettrait d'en faire une unité cohérente de production, de développer un effort de recherche appliquée, de provoquer des synergies entre entreprises et université ou écoles locales. C'est par ce biais que l'on peut anticiper et générer les innovations qui donneront demain un avantage au territoire. On le sait, mais en arrivant dans le mur, on enfonce l'accélérateur, pas le frein.</p>
<p>Un territoire sans stratégie de développement se raccroche à son passé: en attendant la fermeture, on dépense toute son énergie à la retarder de quelques semaines. C'est dans ce travers qu'est tombé cet élu, au lieu d'essayer de regarder vers où le territoire pouvait aller à long terme, il s'est focalisé sur une évolution sur laquelle il n'a pas prise.</p>
<p>Erreur de débutant? Le personnage est maire du village de Lourdios-Ichère depuis 3 décennies. On ne peut pas dire qu'il n'a pas eu le temps de préparer l'avenir, mais le bilan qu'il affiche est hallucinant: pour lui, son territoire est <q lang="fr" cite="http://www.jean-lassalle.fr">déjà en lambeaux</q>. Impressionnant pour qui se présente comme un <q><a href="http://www.jean-lassalle.fr/presentation.asp" hreflang="fr">technicien agricole spécialisé dans l'hydraulique et l'aménagement du territoire</a></q>! Cet attachement à ce symbole est d'autant moins pardonnable qu'il n'est pas, comme le salarié qui risque de perdre son boulot, ou comme le syndicaliste qui doit défendre les intérêts du salarié, directement impliqué. Un député aurait dû servir l'intérêt général, et savoir prendre la distance nécessaire pour agir plus efficacement.</p>
<h3>De l'espoir vendu aux électeurs, un épouvantail pour les entrepreneurs</h3>
<p>De représentant du Peuple, Jean Lassalle a voulu devenir à la fois décideur économique et militant médiatique. Il a fait naître l'espoir chez ses électeurs, il a voulu leur montrer que son engagement était total. Et sur cet aspect, il a gagné: tout le monde a conclu à sa victoire.</p>
<p>Seulement, il a véhiculé le pire des messages aux acteurs économiques: ma vallée est sinistrée, et je suis prêt à prendre en otage la dernière entreprise qui la maintient en vie. J'irai jusqu'au bout, je ne négocie pas, je veux un engagement écrit et signé. Au passage, si Jean Lassalle avait pris un peu la peine de se renseigner sur la culture japonaise, il aurait su que cette exigence d'écrit allait être prise comme une marque de défiance, ce que l'on essaie en général d'éviter dans les négociations.</p>
<p>Les chefs d'entreprises français connaissent ce genre de postures, souvent tenues par les syndicalistes que la faible représentativité conduit au fanatisme. Ils les connaissent et les évitent autant que possible. Pour les investisseurs étrangers moins au fait de nos coutumes sociales, c'est une surprise, mais le risque est bien évalué. Mais si même les députés chrétiens-démocrates s'y mettent, choisir la France relève du masochisme.</p>
<p>L'ambassadeur du Japon ne s'y est pas trompé: cet affichage est une calamité pour notre économie. Il est bien plus puissant que <a href="http://www.investinfrance.org" hreflang="fr" title="Agence française pour les investissements internationaux et pour un logement décent des familles de ministres">toutes les campagnes visant à inciter à l'investissement sur le sol français, à dire que la France est ''open for business''</a>. Le message est clair: venez, venez, au pire, si vous deviez bouger (sans même avoir à franchir quelque frontière que ce soit), les institutions aideront les syndicats à vous clouer sur place. Et s'il le faut, notre exécutif tricéphale finira même par s'emparer du dossier. Même celui qui s'affiche comme le plus libéral des trois saura mettre ses principes de côté pour que l'entreprise qui veut s'accroître soit contrainte de végéter.</p>
<h3>Victoire???</h3>
<p>Je prends les paris: dans les cinq ans à venir, l'entreprise aura trouvé le moyen de s'éclipser discrètement de la vallée, et l'on se retrouvera avec une main d'œuvre fragilisée, déprimée, trompée et difficile à adapter à une autre activité. Je serais vraiment curieux de savoir quel aura été l'impact de toute cette histoire sur l'emploi en France. Il est impossible à évaluer, mais je ne serais pas surpris que plusieurs milliers d'emplois de plus ne se créent pas ou disparaissent. Belle victoire.</p>Réforme: symbolique, réel et imaginaireurn:md5:c3a047339b1769a0aab28c329d101f602006-03-25T20:42:00+00:002007-05-27T08:44:28+00:00JulEn vracPolitiqueProspective<p>Comment avancer, ou même plus humblement se maintenir sur place, en ayant pour seul horizon intellectuel l'année n+2?</p> <p>La lecture d'<a href="http://dinersroom.free.fr/index.php?2006/03/22/124-la-defaite-du-cpe" hreflang="fr">un bon billet sur la réforme</a> sur <a href="http://dinersroom.free.fr" hreflang="fr">Diner's Room</a> vient de me rappeler que je m'étais promis il y a quelques temps de ne pas garder pour moi l'idée lumineuse qu'un de mes enseignants a soumis à ma sagacité. La reformulation que je vous propose n'engage donc que moi. Jean-Louis Guigou, ex-délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, est passionné de prospective, cet art de préparer l'avenir, cette réflexion stratégique de long-terme.</p>
<p>La politique renvoie aux registres du <strong>symbolique</strong>, du <strong>réel</strong> et de l'<strong>imaginaire</strong>. Schématisons la réforme sur ces trois registres: le réel est donné, c'est la situation actuelle, le présent. Le symbolique rassemble les valeurs que nous partageons, notre inconscient collectif. L'imaginaire renvoie à la situation future espérée.</p>
<p>Si nous échouons dans la réforme, c'est parce que nous avons pris le parti et l'habitude de suivre le mouvement, de subir des évolutions que l'on comprend mal: notre réel est changeant, nous ne le contrôlons pas.</p>
<p>Qu'est-il advenu de notre imaginaire collectif? Depuis quand n'avez vous pas entendu parler ou parlé d'enjeux (non-individuels, les plans de carrières ne comptent pas) à l'horizon de 10 ans, 20 ans ou 30 ans? L'environnement et le climat font figure d'exception: qui sait aujourd'hui dans quelle société il veut vivre dans 20 ans, qui va préparer cette société? Quel responsable politique a ne serait-ce que l'ébauche d'un programme à l'échéance de 20 ans? Quel syndicat réfléchit dans ces termes? Quel média relaie ces idées et nous invite à nous y intéresser?</p>
<p>Notre imaginaire collectif, c'est le <strong>néant</strong>.</p>
<p>Comment évolue la symbolique lorsque l'on se prive d'imaginaire et lorsque l'on subit le réel? Elle se crispe, elle se renferme sur les acquis de chacun, sur la nostalgie d'un temps meilleur.</p>
<p>Le désir ultime des étudiants et lycéens manifestant ces derniers jours: un emploi qu'ils puissent garder toute leur vie, comme celui de leur parents autrefois (mythe, quand tu nous tiens...). Les Trente Glorieuses, voilà l'horizon. Le mode d'action: l'occupation, la barricade, l'ultimatum, la révolte. Les revendications: la démission du Gouvernement ou le retrait du <acronym>CPE</acronym>. Un mélange de 1789 et 1968, en somme, mais au service du statuquo, faute de pouvoir revenir en arrière.</p>
<p>Nous subissons le réel, abandonnons toute vision prospective de l'avenir, et nous replions dans une symbolique qui s'éloigne chaque jour un peu plus du réel, que nous vivons donc d'autant plus mal.</p>
<p>L'absence de réflexion stratégique sur le long terme est au cœur de cette crise de la réforme, bien plus que l'écart supposé croissant entre la société et ses élus. <q>Un peuple n'avance pas s'il ne sait pas où il va</q> (Jean-Louis Guigou). On peut demander <strong>les plus grands sacrifices</strong> à une personne ou à une société si elle perçoit leur nécessité et leur effet sur le futur. Au contraire, si l'effet est incertain, soit parce que le diagnostic de la situation actuelle n'est pas partagé, soit parce que le sacrifice demandé semble inefficace, aucune raison de renoncer à sa consommation immédiate de bien-être pour permettre son hypothétique accroissement.</p>
<p>Le débat ou la consultation comme préalable à la réforme? Oui, c'est une solution. A condition qu'ils portent <strong>non pas sur le contenu de la réforme</strong>, mais <strong>sur ce à quoi elle doit mener</strong>, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 30 ans. Si un consensus se dégage sur ces points, la réforme sera naturelle. N'oublions pas qu'elle n'est qu'un <strong>moyen</strong>.</p>
<p>Soyons cyniques et opportunistes, misons sur le long-terme, car <q>qui ne se préoccupe pas de l'avenir lointain se condamne aux soucis immédiats</q> (Confucius).</p>