Pourquoi je ne donne pas à AIDES...
Par Jul, le jeudi 8 juin 2006 à 17:28
Cette après midi, j'ai eu affaire à ma deuxième mandataire de AIDES, l'association française de lutte contre le sida bien connue. Deuxième fois en quelques mois qu'un ou une djeun' fort sympathique m'arrête pour me demander de faire un prélèvement automatique afin de leur donner des moyens d'agir dans la durée.
Si l'on a le malheur de ne pas vouloir s'engager dans la durée en remplissant un énième contrat pour avoir un énième engagement à résilier un jour, le ton change rapidement, surtout si l'on dit que l'on est pas autonome financièrement, que l'on est étudiant. Le djeun rétorque que lui aussi il est djeun, que c'est pas facile mais qu'il donne quand même. S'en suit une démonstration moraliste au possible sur combien c'est important et tout et tout. Notez que je ne dis pas le contraire, le sida est un drame dont je crois être bien conscient et je ne conteste pas l'importance de la lutte que l'on doit lui opposer, ni le rôle majeur des ONG et des bénévoles en la matière.
Mais chez les deux spécimens de mandataires à qui j'ai parlé, on sent la même fausseté de l'engagement, on ne retrouve pas la discrétion et l'humilité du bénévole qui force le respect et convainc de la justesse de sa cause. Car cette campagne de récolte de fonds (dans les deux cas, je n'ai pas eu la moindre information sur le sida) est menée par des salariés, qui quêtent 35 heures par semaine, de sensibilisation
parce que c'est mieux que d'aller bosser au Quick
(citation véridique de ma mandataire de cette après-midi). D'ailleurs AIDES le reconnait par un doux euphémisme dans la news parue au début de la campagne sur le site d'AIDES:
AIDES a décidé de mandater de nombreuses personnes pour aller à la rencontre du public, dans la rue. Ces actions de sensibilisation sont complémentaires des actions menées au quotidien par les nombreux volontaires de l’association en matière de prévention et de sensibilisation. Cette approche directe, réalisée dans la rue, permet de toucher de nouveaux publics parfois plus difficiles à sensibiliser.
Je ne ferai pas de commentaire désobligeant sur la concentration de nouveaux publics difficiles à sensibiliser à la sortie du métro Abesses en plein Montmartre à Paris ou sur une coquette place du centre historique de Grenoble dont le nom m'échappe. Remarquez, il est sans doute plus difficile d'obtenir des autorisations de prélèvement bancaire dans les quartiers où il y a plus de populations de jeunes à sensibiliser.
Je pense qu'il manque une information importante au passant charitable: dans quelle proportion le prélèvement qu'il va souscrire va servir à payer la boîte de marketing sous-traitante et les smics de nouveaux mandataires, et non à lutter contre le sida? Il l'apprendra dans la lettre d'information annuelle, quelques mois et quelques prélèvements plus tard, j'imagine (je n'ai pas trouvé d'info sur leur budget sur leur site)...
AIDES, je fais ici une promesse de don: je vous ferai un don quand vous n'utiliserez plus autant de moyens à recruter des donateurs mais à vraiment sensibiliser des gens qui ne l'ont pas été et à distribuer encore plus de préservatifs à la génération post-Sidaction.
Commentaires
1. Le samedi 10 mars 2007, 23:06 par Enjy
2. Le mardi 13 mars 2007, 13:14 par Jul
3. Le vendredi 9 novembre 2007, 16:01 par loucas
4. Le mardi 16 juillet 2013, 17:21 par eric
5. Le mercredi 17 juillet 2013, 00:28 par Jul
6. Le jeudi 18 juillet 2013, 00:10 par robin
7. Le lundi 5 août 2013, 16:14 par Talla
8. Le lundi 13 octobre 2014, 13:03 par Gabir
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