A l'origine...

À l'origine, le SHAWCO, c'est un étudiant en médecine qui bosse comme ambulancier pendant les vacances pour payer ses études et qui décide de ne plus supporter ce qui fait son quotidien dans les bidonvilles. Avec une professeur, il monte une clinique. Depuis 63 ans, les générations d'étudiants d'UCT se relaient pour améliorer le quotidien dans les townships, pour partager leur chance d'être du bon côté de la barrière dans ce pays.

Aujourd'hui, ce sont en tout plus de 700 étudiants, 4 centres dans les townships, quelques travailleurs sociaux permanents, plusieurs bus pour acheminer les volontaires dans les townships, un budget qui se compte en millions de rands, pour 8 projets allant des jeux pour les plus jeunes, l'éveil écologique, l'alphabétisation ou encore, la prise de contact avec les outils informatiques. Avec à chaque fois l'ambition de donner à ceux qui n'ont rien ou pas grand-chose des perspectives, des outils pour sortir de leur situation.

Inscription et formation

Pour être volontaire, il ne suffit pas d'être...volontaire! Contrairement à ce que je pensais, il n'y a qu'un nombre limité de postes à pourvoir, et bonne nouvelle, cette année il y a eu plus de 800 candidatures pour 550 postes de volontaires. Après l'inscription, il a donc fallu passer un entretien, histoire d'éviter les erreurs de casting. Ceux qui ont été retenus ont ensuite été convoqués samedi pour une demi-journée d'introduction et de formation.

L'ambiance est à la fois détendue et sérieuse, SHAWCO nous fait signer un vrai contrat, pas d'engagement à la légère... Parmi les étudiants responsables, je reconnais ma partenaire d'exposé de politique du semestre dernier, chargée des ressources humaines de l'organisation. Ils ont tous une motivation énorme, on sent une énergie et une sincérité à la hauteur du sérieux dans la gestion, cette organisation étudiante est vraiment pro!

Après l'introduction, on se sépare selon nos projets, pour en savoir un peu plus sur nos missions. Pour SHAWCO IT, le projet pour lequel je me suis porté volontaire, l'objectif est de donner aux jeunes de Khayelitsha, un bidonville à l'est de Cape Town, l'opportunité de se former à l'informatique et de leur permettre de découvrir par là de nouveaux horizons...

Un environnement d'intervention rude

Vient ensuite le briefing sur l'environnement dans lequel on va travailler. Khayelitsha, qui veut dire "nouvelle maison", est l'un des derniers bidonvilles à avoir été créé par l'apartheid dans la région, il a été aménagé en 1985. A la base, il était fait de petites maisons en dur, deux pièces de quelques mètres carrés, sans sanitaires, dans lesquelles des familles nombreuses devaient s'entasser.

Rapidement, les espaces entre les maisonnettes ont été comblés par des "matchbox houses", littéralement des "maison-boîtes d'allumettes", pour accueillir la famille étendue ne trouvant aucune perspective à la campagne. Pour ce qui est de la démographie, personne ne peut donner de chiffres précis, mais en 1996, on comptait plus de 400 000 habitants. Non, je ne me trompe pas d'un zéro ou deux. Et depuis, quelques dizaines de milliers de personnes ont dû les rejoindre.

Connu pour être une zone chaude de la région, Khayelitsha n'a pas vraiment bonne presse. Et c'est vrai que ce nom revient régulièrement dans les faits divers, les meurtres, les viols, les disparitions d'enfants. Pas question pour un volontaire d'y venir en voiture, à moins de vouloir repartir à pied. Mais les étudiants du SHAWCO sont toujours bien accueillis et le fait d'y aller en bus et en groupe est rassurant.

Toujours pas de sanitaires dans la majorité des cas, la tuberculose prolifère, et le sida fait des ravages, plus qu'ailleurs: selon les estimations, 39% de la population est HIV positif. Dans les écoles, les élèves sont entre 50 et 60 par classe; les instits ne peuvent même pas connaître les enfants, qui auraient pourtant bien besoin de suivi, devant faire face à la pauvreté tous les jours, beaucoup devant arrêter l'école pour s'occuper de leurs frères et sœurs si les parents sont décédés ou alcooliques.

SHAWCO IT, mon projet...

Du coup, notre public, composé de jeunes en âge de passer le matric, diplôme du secondaire, aura entre 12 et 25 ans, certains reprenant l'école très tardivement, dès qu'ils ont le temps et les moyens de payer l'inscription. Beaucoup d'entre eux n'auront jamais vu un PC de leur vie, mais d'après les responsables du projet, nos participants, venant de leur propre initiative, sont la véritable élite du township, même si certains n'en sont jamais sortis. Il faut s'attendre à voir des progressions hallucinantes en quelques heures.

Le centre SHAWCO de Khayelitsha dispose de 30 ordinateurs, une session de deux heures étant prévue chaque après-midi et le samedi matin, avec à chaque fois 30 participants accompagnés par 15 volontaires, des bonnes conditions de travail. Nous avons à notre disposition un programme à suivre, pour leur faire maîtriser windows, word, excel et powerpoint. L'occasion pour moi d'apprendre à me servir d'un tableur, ce que je n'ai jamais fait! La connexion internet devrait arriver avant la fin du semestre.

À la fin de cette demi-journée, on partage la motivation des responsables: un encadrement pro, un projet que je trouve intelligent et qui fera peut être la différence pour les participants, j'ai hâte de commencer. Et je suis persuadé, comme le disent tous ceux qui en ont déjà fait l'expérience, que j'apprendrai deux fois plus que ce que je pourrai leur apprendre!

Première session dans la semaine du 7 mars, comptez sur moi pour vous raconter!