Loin d'être un programme de candidat, voici 5 points qui guideront en grande partie mes votes aux présidentielles puis aux législatives. J'accorde peu d'importance à la stature de celle ou celui qui présentera un programme compatible avec ces 5 points: la fonction et les habits de la Présidence de la République ont permis à un Président finalement peu charismatique d'exercer cette fonction pendant 2 mandats. En revanche, je m'intéresserai beaucoup plus à l'équipe qui arrivera au pouvoir, dans l'hypothèse où le peuple souverain ne préfèrera pas une cohabitation. On ne gouverne ni ne réforme seul...

L'unification du marché du travail

Bien des rapports sur l'emploi rappellent ce gros souci du marché du travail français, et je vous conseille particulièrement celui de Pierre Cahuc et Francis Kramarz, De la précarité à la mobilité : vers une sécurité sociale professionnelle. Le CDD représente actuellement 70% des embauches, moins de la moitié des jeunes occupés sont en CDI, en 2001. Il est donc pour la majorité un horizon indépassable. En instituant un contrat unique, à durée indéterminée, mais avec des droits croissants avec l'ancienneté, on peut avoir de meilleures perspectives pour les salariés sans faire peur aux employeurs. Comme le souligne le rapport, il est possible de donner une durée minimale à ce contrat, comme pour les CDD actuellement.

Les inégalités entre insiders (salariés sous CDI) et outsiders (salariés sous CDD ou intérim) sont criantes et improductives: il faudrait peut-être oser dire que le CDI pour tout le monde n'est pas d'actualité, et trouver une solution pour que le plus grand nombre ne sorte pas du chômage seulement par un emploi temporaire.

L'efficience du service public et le retour à l'équilibre budgétaire

C'est un discours que l'on entend peu à gauche, et c'est à mon avis une bénédiction pour la droite qui aime à caricaturer une gauche étatiste... Et je le dis avec d'autant plus de sincérité que je respecte profondément la fonction publique et que j'aimerais y travailler plus tard. L'État a vocation a être efficient, c'est à dire à atteindre un objectif avec aussi peu de ressources et de moyen que possible.

C'est pour cela qu'il faut le moderniser, qu'il faut tout faire pour que l'impôt soit productif (la France s'illustre par le fait qu'elle dépense en 1999 1,6% des prélèvements pour prélever, contre 0,52% en Suède [1]). L'impôt est loin d'être le mal incarné, mais il est d'autant mieux accepté qu'il est bien utilisé. Dire qu'il faut que l'État soit efficient ne doit pas être interprété comme une injure aux fonctionnaires, qui bien souvent font de leur mieux dans le système existant.

Mais quand on a les niveaux de dette et de déficit que l'on connaît actuellement, promettre de dépenser beaucoup sans grand soir fiscal et sans réforme ambitieuse d'efficience, c'est bien dangereux. La dette est peut-être encore soutenable, mais si la situation économique restait stagnante pendant un moment, où si elle se dégradait? Un peu de courage politique sera nécessaire, j'aimerais bien voir des engagements en la matière.

Une reprise de l'investissement dans la recherche et l'éducation associée à une politique dynamique de formation continue

Ce déficit public incite les gouvernements successifs à faire les économies les moins douloureuses ou politiquement coûteuses à court-terme pour le résorber: les investissements. Au lieu de réformer pour diminuer les dépenses de fonctionnement, on est en train de limiter les investissements dans les domaines qui pourraient nous faire réussir dans 5, 10 ou 15 ans.

Vu l'importance des savoirs dans l'environnement économique actuel, il faut stimuler la recherche et le développement, comme on s'y est engagé à Lisbonne en 2000, et développer encore la formation continue. L'économie change et continuera de changer, si l'éducation, la formation et les salariés ne bougent pas, on restera à plus de 10% de chômage pendant un moment.

Une attitude pro-européenne

Je voterai avec joie pour un changement d'attitude de l'État et de ses dirigeants envers l'Union européenne. En 2001, d'après un rapport du Sénat, notre pays demeure en 12ème position dans le tableau de suivi des directives: cent soixante-seize directives sont encore en attente de transposition, la date de transposition étant dépassée pour 136 d'entre elles et la plus ancienne remontant à 1981. Même si depuis, les choses se sont un peu améliorées, il n'y a pas de quoi fanfaronner.

Mais même avec une transposition rapide et efficace, la France ne sera pas un État-membre modèle. Quand les dirigeants politiques accepteront enfin de jouer le jeu en s'interdisant de rejeter la responsabilité des mesures impopulaires sur les normes européennes, on pourra commencer à avoir de vrais débats sur l'Union européenne et son avenir. Et pourquoi pas un jour réconcilier les Français avec le projet politique qui nous sauve chaque jour de la faillite depuis quelques années...

Une politique de transports et d'énergie orientée vers la soutenabilité

Et si on se donnait pour ambition d'accompagner la hausse des prix des carburants au lieu de tenter d'en atténuer les effets? La TIPP flottante, c'était très bien pour lisser les bosses des cours du baril et permettre aux ménages d'avoir un budget automobile mensuel à peu près prévisible, tant que l'on se permettait de vivre dans l'illusion de l'infinité de cette ressource.

Aujourd'hui, il est urgent de trouver de développer des moyens de transports et des énergies plus durables, tout en limitant notre consommation. En augmentant progressivement la TIPP, on pourrait imaginer qu'il soit possible de dégager des financements pour la recherche et le développement en transports et en énergie, tout en incitant clairement les agents économiques à économiser leur consommation.

Et vous, pour quoi voterez-vous?

Je ne prétends pas détenir la vérité ou la solution miracle, alors si j'ai tort, n'hésitez pas, débattons-en...