La trouvaille de cet été de Nicolas Hulot est devenue la proposition 01 du Pacte écologique 2007, qui veut interpeller tous les candidats sur l'insoutenabilité de notre développement. Un vice-premier ministre chargé du développement durable, ça c'est du concret, du facile à mettre en œuvre rapidement.

C'est simple: le développement durable est un enjeu transversal, donc il faut quelqu'un au dessus des ministres qui n'en feront pas leur priorité. Postulat: cette nouvelle politique - le développement durable - doit recevoir une traduction institutionnelle, au cœur de l’État.. Changement de politique, changement institutionnel. Soit. Un peu comme en 1971 quand on s'est rendu compte que l'environnement, c'était important, et que donc il fallait créer un ministère de l'environnement. Puis comme quand on a décidé que l'écologie, c'était important, et qu'il a été renommé Ministère de l'écologie et du développement durable.

La proposition a le mérite de trancher avec l'hypocrisie des promesses de gouvernement resserré que l'on entend à chaque fois. Mais en regardons de plus près les prérogatives annoncées pour ce super-ministre:

Il a :

  • la responsabilité d'assurer cette dimension dans tous les choix politiques
  • une administration dédiée
  • autorité sur les préfets afin de disposer d’une représentativité locale et de moyens supplémentaires pour conduire son action

Il:

  • élabore et veille sur la feuille de route de chaque ministère dont l’action concourt au développement durable
  • préside le Comité interministériel du développement durable qui se réunira trimestriellement
  • présente annuellement la stratégie nationale de développement durable et le bilan des actions devant le Parlement
  • soumet à étude d’impact Développement durable tous les projets de loi
  • élabore le calendrier à cinq ans des objectifs de l’action gouvernementale dans ce domaine
  • pilote de nouveaux indicateurs environnementaux
  • coordonne les travaux des différents comités et instituts de prospective : Centre d’analyse stratégique, Délégation à l’aménagement du territoire...

Je ne sais pas vous, mais ça me rappelle fortement un autre poste... Lequel de ces attributs fait actuellement défaut au Premier Ministre? La présidence du comité interministériel? Il l'a déjà, depuis février 2003 . L'autorité sur les préfets? Tout ministre, et à fortiori le chef du Gouvernement, a autorité sur les préfets, puisque ceux-ci en sont les représentants. La coordination de l'action gouvernementale et l'arbitrage? C'est sa mission première! Rien ne s'oppose à ce que le Premier Ministre soit le Monsieur Développement durable du Gouvernement, s'il en faut un.

Plus encore, quand on prend en compte la vie propre des ministères et leur capacité à écraser, à contourner tout nouveau joueur et à se cacher les infos entre eux, le tout sur fond de rivalités entre corps, il devient évident qu'un numéro 2 du gouvernement aux missions transversales ne fera jamais le poids.

Si l'on veut vraiment donner du soutien au développement durable, il faut que cette responsabilité revienne au Premier Ministre: lui seul peut avoir assez d'autorité pour tenter de contraindre les ministères puissants. Et accessoirement, on peut ainsi faire sauter le Ministère de l'écologie et du développement durable, qui semble condamné à rester un petit ministère incapable de peser sur Bercy ou sur l'Agriculture.

Morale de l'histoire: vouloir avoir un ministre en plus à faire inviter au JT de temps en temps, qu'il soit vice-président ou non, c'est la meilleure façon de laisser les gros ministères continuer tourner comme ils l'ont toujours fait, sans s'inscrire dans une démarche de développement durable. Nos institutions ont beau ne pas être au goût du jour pour tous les enjeux, il y a encore des bénéfices à en tirer avant de coller des rustines aussi hasardeuses.